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Texte n°1 : Pure coïncidence

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Message par SpécialeKa Ven 29 Mai - 22:06

Pure coïncidence

Ca y est, c’est le jour « J ». Je descends du train en trimbalant ma valise à roulettes dans laquelle j’ai fourré une cinquantaine d’exemplaires de mon premier roman. Il n’y a pratiquement rien d’autre dedans. Pas d’affaires de toilette, pas de pyjama, même pas une chemise de rechange. De toute façon j’ai prévu de reprendre le train de 22h30 qui me ramènera sur Lyon. Rien dans cette valise à part « la rançon du crime ». Bien rangés, bien calés, j’ai veillé à ce qu’ils ne bougent pas durant le transport afin ne pas les corner. Une sorte de respect pour l’objet. Peut être aussi pour le lecteur.
Dans ma poche intérieure, le stylo acheté deux jours plus tôt dans une librairie spécialisée. C’est un roller pointe moyenne encre noire à séchage rapide. Ma plume spéciale dédicace. Je me suis un peu entrainer durant le trajet. J’ai noircie quelques pages avec des signatures. Un vrai bonheur.
Je marche sur le quai de la gare, il est désert. Je lève les yeux et considère la pancarte rouillée sur laquelle le nom du patelin y est inscrit. « Saint-Jean de Buis » . C’est bien ça. Dans le doute je consulte l’invitation qui m’a été envoyé quinze jours auparavant.
Salon du livre noir – le château de Buis – Saint-Jean de Buis.
Pas d’erreur possible. Je m’engouffre dans le hall. Pas de préposé au guichet. Pas de voyageurs en attente. Il y a autant d’agitation que sur le quai. Je continu mon chemin et achève la traversé de la gare en poussant une porte en verre. Je débouche dans une rue, déserte elle aussi. Je me rends compte que le village est minuscule. Il n’y a que quelques maisons et l’unique rue qui traverse le hameau se termine en cul-de-sac le long de la gare. Le reste, des champs à perte vue. Plus ou moins verts. Plus ou moins hauts. Mais toujours des champs. Aussitôt une violente odeur s’empare de mes narines. Je ne tarde pas à deviner d’où provient cette puanteur. Un tracteur rejoint ses terres trainant derrière lui une cuve de lisier. Je sors mon mouchoir et me le plaque sur la bouche. Cela ne change rien, mais psychologiquement ça m’aide. Une vieille traction noire arrive de nulle part et fait demi-tour devant moi. Elle stoppe à ma hauteur. La vitre s’ouvre sur une personne de petite taille, sa chevelure à la couleur des blés en automne, et son air malicieux… Mince, voila que ça me reprends. En réalité c’est un nain, blond, a l’œil goguenard. De sa voix de crécelle, il s’adresse à moi.
- C’est vous Lucien Dufour ?
- Euh oui, dis-je étonné que celui-ci m’appelle par mon vrai nom. Je ne me souviens pas l’avoir mentionné dans mon courrier de confirmation pourtant.
- Je suis chargé de vous conduire au château. Ajouta l’autre sans attendre.
Je monte dans la voiture et celle-ci démarre. Je remarque que mon chauffeur a caler sous ses fesses une sorte de rehausseur pour enfant. Plus bas je constate qu’il a fixé sous ses pieds des cales en bois pour pouvoir atteindre les pédales. Je ne suis pas trop rassuré, mais à la vitesse où nous roulons, si il se passe quelque chose, j’ai largement le temps de descendre. Au bout de dix kilomètres interminables, nous passons la grille du château. Au fond du parc, la majestueuse demeure se révèle à moi. Je suis surpris du manque d’agitation qui règne ici. La voiture s’arrête devant la double porte en chêne. J’ai à peine le temps de descendre et d’attraper ma valise qu’elle redémarre et poursuit sa route.
J’actionne la cloche en tirant sur une chaine. Quelques instants plus tard, on m’ouvre la porte. Le châtelain, puisqu’il se présente comme tel est un vieil homme à qui on ne peut donner d’âge, il a entre soixante et quatre vingt ans. Sa peau est fripée, et il porte sur la tête une masse de cheveux blancs hirsute. Il suffirait qu’il tire la langue pour ressembler au portrait d’Einstein qui trône dans mes toilettes. Il m’invite à entrer. D’un coup d’œil circulaire je rends compte que la baraque est sinistre et qu’il n’y a aucun salon du livre noir ici. Je commence à paniquer. Mon hôte le remarque et me rassure.
- N’ayez pas peur Monsieur Dufour. Vous n’avez rien à craindre.
- Ce n’est pas le salon du livre ? dis-je timidement.
- Pas exactement. Mais j’ai une explication à vous fournir. Si vous voulez bien me suivre.
Le vieil homme m’invite à m’installer au bout d’une longue table dans un fauteuil d’égale démesure au reste de la bâtisse. Je n’en mène pas large et je cherche un moyen pour abréger le cauchemar et me tirer d’ici au plus vite.
- J’ai lu votre livre Monsieur Dufour ou devrais-je vous appeler Alan COBINE ?
- Comme vous voulez.
- La rançon du crime, ajouta t-il d’un ton solennel. Le chef d’œuvre de la littérature noire.
Le compliment me rassura un peu et flatta mon petit égo qui commençait à bomber le torse, comme un jeune coq de basse cour.
- Oui, vous comprenez qu’une œuvre comme celle-ci ne peut rester dans l’ombre. C’est une véritable révélation. Une trace indélébile marquée à jamais dans son temps.
- Eh bien écoutez, c’est gentil, c’est vrai que mon style peut plaire… dis-je en sortant timidement mon super stylo à dédicaces.
- Pourquoi me parlez-vous de votre style ? coupa le vieux. Ce roman n’a aucun style, il est même plutôt mal écrit. Mais le scénario est terrible, une véritable œuvre. D’ailleurs, il reste encore quelques zones d’ombre dans votre livre. C’est d’ailleurs les raisons pour lesquelles je vous ai faire venir ici en prétextant un quelconque salon. J’espère au passage que vous ne m’en voudrez pas d’avoir utilisé ce petit subterfuge.
- Quelques zones d’ombre ? répliquais-je, mécontent de m’être fait berner de la sorte.
- Et bien voilà. Page 156, vous écrivez que le meurtrier profite que sa femme prend son bain pour lui fracasser le crâne avec un pain de glace et ainsi faire disparaitre l’arme du crime en la laissant fondre dans le bain.
- Oui je me souviens, dis-je, flatté de trouver quelqu’un fasciné par mes idées géniales.
- Le problème c’est que vous ne dites pas comment il se débarrasse du corps.
- Quelle importance, il supprime sa femme qui risquait de découvrir sa liaison avec la secrétaire de l’avocat, la seul personne et le seul lien qui le liait au triple meurtre. C’est ca l’important dans mon livre.
- Oui mais ce qui m’intéresse c’est comment il se débarrasse du corps.
- Il tue sa femme, c’est tout, on se doute qu’il va s’en occuper, mais on se fiche de savoir comment, sinon le bouquin aurait fait plus de six cent pages…
- Oui mais si vous donnez des conseils, il faut aller jusqu’au bout. Sinon comment je fais moi. Les désodorisants en bombe et le papier tue mouche commence à couter cher.
- Pardon, dis-je en ayant peur de comprendre.
- Pour le pain de glace et le fracassage du crâne, aucun problème, mais là, si je n’avais pas remplacé l’eau du bain par de l’alcool, je vous raconte pas la puanteur depuis maintenant vingt jours…
Dans le train qui me ramenait sur Lyon, je repensais au vieux et à son histoire. J’aurai bien sûr du prendre mes jambes à mon cou, mais en réalité j’étais fasciné par le fait que mes théories sur le crime pouvaient s’appliquer dans la réalité. Que mes écrits avaient maintenant une part de vérité. Je lui ai donc expliqué comment avec un savant mélange de chaux vive et d’acide sulfurique on pouvait transformer un cadavre en un liquide visqueux qui pouvait aisément passer dans un siphon de salle de bain. En lui précisant tout de même de penser à récupérer dents et diverses broches avec une épuisette.
Pas de dédicaces, pas de compliments, pas de salon. En revanche, une histoire incroyable pour mon second roman…
SpécialeKa
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Message par Sebastian Charles Mar 9 Juin - 17:30

Quelqu'un déssoude notre ami Paul Colize = plein de messages...
Quelqu'un fait une petite peur à Alan Cobine = 0 messages...

Il souffle sur ce site comme un léger vent de favoritisme !
Sebastian Charles
Sebastian Charles
Pitch
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Message par Isabelle Corlier Mar 9 Juin - 17:56

non, on n'aime pas Paul Colize, c'est tout...
Isabelle Corlier
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Synopsis
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Message par Nikos Mar 9 Juin - 19:19

L'auteur du texte de la mort de Paul a fait dans le scandale. Du sang pour attirer le lecteur potentiel.
Du choc.
Nikos
Nikos
Synopsis
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Message par Paul Colize Mar 9 Juin - 19:42

Isabelle Corlier a écrit:non, on n'aime pas Paul Colize, c'est tout...

Cette haine tenace. C'est dur.
Paul Colize
Paul Colize
Synopsis
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