Texte 3 - sans titre

Tu crois que c'est lui ? J'ai un doute. Je ne sais pas le couvre-chef , l'imper, ça ne colle pas
Moi je te dis que c'est lui. T'es tellement physionomiste que tu serais foutu de t'enfiler un hippopotame au lieu de Simone.
Arrête avec Simone. Elle n'est pas si grosse.
C'est bien c'que j'dis, t'as un problème de vue. Ou alors tu bois trop et dans les deux cas, c'est un sérieux handicap dans notre branche, même pour faire le guet.
Bon, supposons que ce soit lui. Qu'est-ce que tu comptes faire ?
J'en sais rien. Je vois sa bagnole pourrie, son escalier miteux, j'imagine un intérieur plein de cafards et de la vaisselle moisie. Mate l'escalier vermoulu, pas sûr qu'il résiste encore longtemps. Ce type est fini. Je ne suis pas venu là pour dézinguer un mort-vivant.
Moi j'en sais rien. C'est toi l'administrateur après tout. T'a pas un plan dans la boite à gants. Qu'est-ce qu'il fout à ton avis. Il s'allume une clope ?
Le connaissant, je crois plutôt qu'il se regarde dans un miroir de poche.
T'es con !
Si j'te jure, il se regarde. Il doit se demander quand son génie sera enfin reconnu et jurer entre ses dents que nous ne sommes qu'une bande d'ignares.
C'est quoi un ignare ?
C'est toi.
Ah...
Putain, il va rester des plombes alors ! J'ai déjà envie de pisser.
T'as toujours envie de pisser. Fais comme Frédéric Dard. Il se retenait des heures, exprès, pour jouir au dernier moment.
J'ai pas la vessie de Frédéric Dard.
Ouais, t'as pas grand chose de lui d'ailleurs. Vide ta bière et pisse dedans, je regarde ailleurs. Et vise bien surtout, le goulot est étroit.
Bon maintenant qu'est-ce qu'on fait? On sort, on lui met une rouste? Vu d'ici, il l'a pas l'air bien dangereux.
Non, mais dès qu'il écrit, il fout l'ambiance en l'air. Faut qu'on le calme. C'est la mission du patron. Les causeurs dans son genre font fuir la clientèle. Mais le patron a dit en douceur. Il a pas l'air, mais c'est un tendre, le patron.
On pourrait lui péter les phalanges, mais il continuerait d'écrire avec une licorne.
C'est ça ta version de la douceur ? Non, Tu vas me le ceinturer et le plaquer contre sa caisse. Ça je sais que c'est dans tes cordes. Pendant ce temps, je pique ses clefs, je me bouche le nez et je file vers son ordinateur.
T'y connais quelque chose en informatique ?
Non, mais je sais couper des fils. Ça devrait suffire pour ne plus l'avoir dans nos pattes pendant quelques jours...

Allo patron ? Mission accomplie. Novi intercepté et réduit au silence.
C'est bien les gars. J'aurais peut-être un autre boulot pour vous dans pas longtemps. Rencard au forum.

Ben, ça ne paraît pas très efficace : il peut se connecter dans n'importe quel cybercafé.

Arf ! J'aime bien. Le cahier des charges est rempli et l'histoire colle à l'actualité. Il manque les tirets de dialogues pour mieux en profiter.

Une question me taraude : pourquoi il se bouche le nez ?

Je ne savais pas, pour Frédéric Dard...

J'aime bien ce dialogue aussi, surtout le "Le connaissant, je crois plutôt qu'il se regarde dans un miroir de poche."
Un peu d'humour dans ce monde de brutes ... merci !

J'ai l'impression que l'auteur ne s'est pas trop foulé, ça roule, mais bon la prochaine fois essaie de passer plus d'un quart d'heure sur l'exercice.

Moi aussi j'ai pas piger: pourquoi il se bouche le nez...
Sinon, j'aime bien ca se laisse lire facilement et ca respecte la regle du jeu.

"j'imagine un intérieur plein de cafards et de la vaisselle moisie."