Texte 2 - La ruelle

par SpécialeKa Mer 14 Jan - 23:42

La ruelle

Mikey observa attentivement son rétroviseur. Le coin avait l’air calme et paisible. Enfin, pour le moment. Il s’extirpa de sa Pontiac Steamliner et réajusta son feutre en pinçant le bord entre le pouce et l’index. Il trouvait que ca en jetait de faire ce truc là.
Il attendit un instant encore à l’extérieur. Silence de mort. Un chat noir jaillit d’une poubelle. Rien d’extraordinaire on était vendredi, dans un quartier Italien et pieux, normal donc que ca empeste le poisson. Mickey plongea les mains dans les larges poches de son imperméable. D’un coté, une petite pochette d’allumettes et de l’autre la doublure de la poche étant inexistante, la main tomba directement sur le Beretta équipé d’un silencieux.
En prenant son temps, il sortit la pochette d’allumettes à l’effigie d’un bar à hôtesses, « le Colizé » tout un programme ... Il l’ouvrit, détacha une allumette et la gratta. Profitant de l’éphémère incandescence, Mikey consulta sa montre. Elle affichait 23h42. Il ouvrit ensuite la pochette. Une annotation apparue à la lueur de la flamme sur le revers en carton. Ou plutôt un code, pas très compliqué, mais que seul lui et celui qui l’avait rédigé pouvait comprendre.
VINO 45 R Stromboli 2345 3+1
Le domicile de Vino se trouvait au 45 de la rue Stromboli. L’exécution aurait lieu à 23h45 précise. Trois balles dans la poitrine plus une dans la tête à bout portant une fois que celui-ci serait à terre. Son commanditaire avait prévu un traitement de faveur. Faut dire qu’il avait déjà entendu parler du Vino dans le milieu. Moitié rital moitié mexicain, c’était le genre de type à causer à tord et à travers. Même si personne ne comprenait exactement ce qu’il disait, tous étaient d’accord sur un point, il parlait trop. Beaucoup trop.
Enfin dans trois minutes il ne parlerait plus jamais le Vino… De rien…
Mikey se décida. Il traversa la rue et s’engagea dans l’escalier du 45. Il trébucha légèrement à cause de l’inégalité de la seconde marche. Il se redressa doucement, pensant avoir réveillé tout le quartier et tendit l’oreille. Il attendit quelques secondes, à l’affut d’une réaction. Celle-ci ne se fit pas attendre. Un type déboula dans la rue et s’arrêta net en bas des marches. Il était coiffé d’une casquette rouge et portait sur le dos une sorte de blouson rayé et brillant comme une casaque de jockey. A la main un porte voix en taule, dont il plaça la plus petit extrémité devant sa bouche. Puis il se retourna en gueulant.
Evidemment « cut », lorsque je passe dans le champs c’est forcément « cut ». Qui m’a foutu une équipe pareille.
Puis l’homme se tourna vers Mickey, lui sourit et ajouta d’une voix calme et douce.
Tu étais parfais Humphrey , je sais que ce plan séquence est compliqué. Il y a plein de trucs à se souvenir. Ecoute, on se l’essaye encore une fois, si ca ne marche pas, j’installe une caméra ici et on reprendra lorsque tu te dirige vers les escaliers. J’arrangerai tout ca au montage, Ok ?
L’homme au feutre donna son accord d’un léger signe de tête. Il n’en fallut pas plus pour que le réalisateur se retourne et gueule à nouveau dans son entonnoir.
Ok les gars on la refait… POLARDEUX scènes 12 - la ruelle - prises 5