Texte 1 - Le choix
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Florent
Isabelle Corlier
Sebastian Charles
SpécialeKa
8 participants
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Texte 1 - Le choix
Le choix
Le cours de notre vie est le reflet des décisions que nous prenons.
Nos plus belles réussites comme nos plus grands fiascos ne sont que les conséquences inéluctables des choix que nous faisons.
C’est sur ces considérations philosophiques que je médite en allumant une clope pour tenter de me réchauffer.
En toute logique, j’aurai dû loger une balle dans la tête de cet enfoiré. Ou lui enfoncer un couteau dans le bide. Au minimum, lui caler mon poing dans la tronche.
C’est clair.
La présence de Boris à la table contiguë est un paramètre qui a vraisemblablement fait fléchir ma détermination. Il me regardait fixement de ses petits yeux cruels. Boris est le garde du corps de cet enfoiré de Sergeï. Il mesure 1m68 et pèse 185 kilos. Malgré sa corpulence, Boris est capable de dégainer sa pétoire, de vider son chargeur et de remettre le tout en place en moins de temps qu’il n’en faut à Joseph Pujol pour lâcher un pet.
Soit.
J’aurais pu flanquer trois paires de gifles à cette salope. La traiter de pute. Lui retourner sa goulasch sur la tête. M’en aller. Claquer la porte du resto.
J’aurais pu.
Mais Sergeï s’en serait mêlé. Et Boris. Retour au scénario un.
J’aurais pu les regarder de haut, sans un mot, puis tourner les talons. M’effacer. Digne. Élégant. Olympien.
Non.
Je me suis assis à leur table.
J’aurais pu dire à Lola que je la cherchais depuis trois jours, que j’étais inquiet. Lui déclarer à quel point j’étais heureux de la retrouver saine et sauve.
Non.
Je suis parti dans une longue envolée lyrique qui louait la liberté, la largesse d’esprit, la générosité, le pardon, la franche camaraderie virile, des trucs du genre.
Sergeï m’a coupé dans mon élan.
— Ferme ta gueule, t’es qu’un connard.
Lola, silencieuse jusqu’alors, s’est penchée vers moi.
— Il a raison, ferme ta gueule, t’es qu’un connard.
J’aurais pu protester. M’offusquer. Me lever. Prétexter que je devais aller pisser.
Non.
J’ai dit qu’en effet. Que j’étais qu’un connard. Que j’allais fermer ma gueule.
Quand le loufiat s’est pointé avec l’addition. J’aurais pu. Mais non. J’ai tendu la main et j’ai dit que c’était pour moi. Oui, le champagne et les boissons aussi. Oui, la pâtée de monsieur Boris aussi.
Quand Sergeï m’a demandé si j’étais venu avec ma bagnole, j’aurais pu répondre non, raconter qu’elle était en panne, que j’avais pris un taxi. Le train. Le métro. Que j’étais venu à pied.
Enfin, trouver quelque chose.
Mais voilà.
Le cours de notre vie est le reflet des décisions que nous prenons.
À présent, grelottant dans cette rue déserte, je monte la garde pendant que cet enfoiré de Sergeï s’envoie en l’air avec MA nana à l’arrière de MA voiture.
Le cours de notre vie est le reflet des décisions que nous prenons.
Nos plus belles réussites comme nos plus grands fiascos ne sont que les conséquences inéluctables des choix que nous faisons.
C’est sur ces considérations philosophiques que je médite en allumant une clope pour tenter de me réchauffer.
En toute logique, j’aurai dû loger une balle dans la tête de cet enfoiré. Ou lui enfoncer un couteau dans le bide. Au minimum, lui caler mon poing dans la tronche.
C’est clair.
La présence de Boris à la table contiguë est un paramètre qui a vraisemblablement fait fléchir ma détermination. Il me regardait fixement de ses petits yeux cruels. Boris est le garde du corps de cet enfoiré de Sergeï. Il mesure 1m68 et pèse 185 kilos. Malgré sa corpulence, Boris est capable de dégainer sa pétoire, de vider son chargeur et de remettre le tout en place en moins de temps qu’il n’en faut à Joseph Pujol pour lâcher un pet.
Soit.
J’aurais pu flanquer trois paires de gifles à cette salope. La traiter de pute. Lui retourner sa goulasch sur la tête. M’en aller. Claquer la porte du resto.
J’aurais pu.
Mais Sergeï s’en serait mêlé. Et Boris. Retour au scénario un.
J’aurais pu les regarder de haut, sans un mot, puis tourner les talons. M’effacer. Digne. Élégant. Olympien.
Non.
Je me suis assis à leur table.
J’aurais pu dire à Lola que je la cherchais depuis trois jours, que j’étais inquiet. Lui déclarer à quel point j’étais heureux de la retrouver saine et sauve.
Non.
Je suis parti dans une longue envolée lyrique qui louait la liberté, la largesse d’esprit, la générosité, le pardon, la franche camaraderie virile, des trucs du genre.
Sergeï m’a coupé dans mon élan.
— Ferme ta gueule, t’es qu’un connard.
Lola, silencieuse jusqu’alors, s’est penchée vers moi.
— Il a raison, ferme ta gueule, t’es qu’un connard.
J’aurais pu protester. M’offusquer. Me lever. Prétexter que je devais aller pisser.
Non.
J’ai dit qu’en effet. Que j’étais qu’un connard. Que j’allais fermer ma gueule.
Quand le loufiat s’est pointé avec l’addition. J’aurais pu. Mais non. J’ai tendu la main et j’ai dit que c’était pour moi. Oui, le champagne et les boissons aussi. Oui, la pâtée de monsieur Boris aussi.
Quand Sergeï m’a demandé si j’étais venu avec ma bagnole, j’aurais pu répondre non, raconter qu’elle était en panne, que j’avais pris un taxi. Le train. Le métro. Que j’étais venu à pied.
Enfin, trouver quelque chose.
Mais voilà.
Le cours de notre vie est le reflet des décisions que nous prenons.
À présent, grelottant dans cette rue déserte, je monte la garde pendant que cet enfoiré de Sergeï s’envoie en l’air avec MA nana à l’arrière de MA voiture.
SpécialeKa- Paragraphe
Re: Texte 1 - Le choix
J'Adooore !
J'adore le ton, l'humour décalé et caustique, la situation... le tout en quelques lignes... Bravo !
J'adore le ton, l'humour décalé et caustique, la situation... le tout en quelques lignes... Bravo !
Sebastian Charles- Pitch
Re: Texte 1 - Le choix
Court, mais bref, comme dirait l'autre. J'aime quand on arrive à planter un décor, des persos et une action en très peu de temps. C'est fluide, léger et acide.
On reconnaît la patte et tant mieux...
On reconnaît la patte et tant mieux...
Isabelle Corlier- Synopsis
Re: Texte 1 - Le choix
En regardant bien, on voit en effet que la voiture bouge légèrement.
Je me suis bien marré...
Je me suis bien marré...
Paul Colize- Synopsis
Re: Texte 1 - Le choix
"de remettre le tout en place en moins de temps qu’il n’en faut à Joseph Pujol pour lâcher un pet."
Tiens! Jospeh Pujol
Je ne crois pas que la rapidité d'exécution soit un critère dans la production de J. Pujol. Il s'agissait certes de disponibilté, mais surtout d'harmonie.
[
Tiens! Jospeh Pujol
Je ne crois pas que la rapidité d'exécution soit un critère dans la production de J. Pujol. Il s'agissait certes de disponibilté, mais surtout d'harmonie.
[
Le drone- Phrase
Re: Texte 1 - Le choix
Ahhhh ! c'est horrible !!! Drôle et caustique. Horrible !!!
SpécialeKa- Paragraphe
Re: Texte 1 - Le choix
Je connaissais pas Joseph Pujol, faut dire que c'est pas trop mon époque. Mais bon ce soir je m'endormirais un peu moins con !
https://www.dailymotion.com/video/x1a112_joseph-pujol_music
https://www.dailymotion.com/video/x1a112_joseph-pujol_music
Sebastian Charles- Pitch
Re: Texte 1 - Le choix
je ne connaissais pas non plus ... mais je ne me sens pas vraiment plus intelligente après ça ...
SpécialeKa- Paragraphe
Re: Texte 1 - Le choix
Y avait des références plus récentes :
http://video.google.fr/videosearch?hl=fr&q=gainsbourg%20evguenie&um=1&ie=UTF-8&sa=N&tab=wv#q=gainsbourg%20evgu%C3%A9nie&hl=fr&emb=0
http://video.google.fr/videosearch?hl=fr&q=gainsbourg%20evguenie&um=1&ie=UTF-8&sa=N&tab=wv#q=gainsbourg%20evgu%C3%A9nie&hl=fr&emb=0
Florent- Paragraphe
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