Entretien avec Nicole Provence

Entretien réalisé par Sébastian Charles.

Bonjour Nicole, ma première question incontournable. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Quoi ? Y’en a encore qui ne me connaissent pas ? Je plaisante, bien sûr ! Alors, j’ai déjà acquis pas mal de grades par rapport à plusieurs d’entre vous, et je ne parle pas de succès littéraires, mais ceux de la vie, épouse, mère, grand-mère... me reste celui auquel chaque romancier espère accéder… écrivain apprécié de son lectorat. J’y travaille avec bonheur.
Je n’ai pas pris le chemin le plus facile puisque je suis presque une « dissidente » du polar, délaissant les rues sombres des grandes cités américaines ou grands villes de France, la politique, le gore, le sexe, les tripes à l’air et les psychopathes pour faire subir des noirceurs à mes personnages, savamment orchestrés par des tourmenteurs de corps et d’âmes campagnardes.
Vous l’aurez compris, je n’écris pas du polar « urbain » mais du polar quand même, juste teinté de couleurs et d’odeurs.

En 2008 parait « la dernière cuvée de Marianne » aux éditions L'Ecir. C’est ton 5ième roman, mais je crois qu'il à été écrit avant les autres.
Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Premier roman, avec comme chacun de nous, la démangeaison qu’il soit vite publié, vite lu. La Cata ! Pas de vrai éditeur, pas de diffusion, pas de distribution, une couverture....HUM ! …je passe. Mais un roman qui a tant plu que le bouche à oreille a bien fonctionné et qu’il m’a mis le pied à l’étrier pour écrire les autres.. Puis, le silence, presque l’oubli..
Deux ans pour récupérer mes droits sur ce roman réclamé par tous ceux qui avaient aimé les suivants( dont je vous dirai deux mots) Et l’Ecir, dès sa première lecture a accepté de le rééditer.
Alors, un petit conseil, commencez par celui-là, c’est la toute première aventure de l’adjudant Di Nazzo, et vous le suivrez de Bourgogne jusqu’en Isère avec tous les autres.

Alors tout naturellement, j'ai envie de te poser la question d'où te vient cette envie d'écrire ?

Elle est là, au fond de moi, depuis toute petite, elle ne s’explique pas, elle se ressent, c’est tout. Juste ce plaisir de jouer un peu « à Dieu » en créant des personnages et en les manipulant comme on le désire. Juste cette ivresse d’écrire sans se soucier du temps qui passe et de vivre une aventures hors du temps, de rire, et souffrir avec ses personnages, bien au calme devant son écran. Juste peut-être le sentiment de pouvoir faire passer tant de choses que l’on ne dit pas au travers des paroles et pensées de nos héros…et de savoir que tout cela sera partagé avec d’autres et que nous aurons certainement l’occasion d’échanger à ce sujet.
C’est bon, ça, non ?

Un mari Gendarme ça aide pour écrire du polar ?

A l’époque de mon premier roman mon mari ne travaillait plus sur le terrain, mais j’ai eu l’avantage certain de vivre « dans le milieu » et de pouvoir demander tous les renseignements exacts sur le parcours d’une enquête. Mon désir absolu. J’aime respecter une certaine cohérence dans le déroulement d’une enquête et je déteste qu’on mélange des Armes entre elles sans savoir qui fait quoi. Un officier de Gendarmerie qui « obéit » à un Flic comme on le voit à la télé ou dans des romans…..non…je ne peux pas supporter ! C’est si simple de se renseigner. Mais c’est vrai que tous les lecteurs ne s’en soucient pas du tout et c’est leur droit. Pourvu que l’action les accroche. Et ça, c’est déjà pas mal pour un écrivain de polars

On te voit partout, sur Internet mais aussi sur de nombreux salons et expos. Le contact avec le lecteur c'est important pour toi ?

Absolument. Après une écriture en vase clos, uniquement en compagnie de mes personnages et ma chatte (oui, c’est la seule que j’accepte près de moi quand j’écris J) l’attente des réponses de maisons d’éditions, le retravail de certains trucs qui clochent ( selon des éditeurs…) la rencontre avec ses lecteurs est le moment le plus délicieux et indispensable pour un écrivain. Pour moi dans tous les cas. Et lire dans les yeux du lecteur le plaisir qu’il a eu à nous suivre dans nos écritures et écouter la satisfaction qu’il a ressenti est pour moi la plus merveilleuse des récompenses.

On classifie généralement tes romans et ton style comme « polar rural ». A cela tu réponds quoi ?

Que c’est vrai, certes, mais que c’est du polar quand même, avec sans doute plus de sentiments et de couleurs que dans les autres, et une grande sensibilité que je ne renie pas. Et je suis surprise de voir depuis quelques temps que des hommes viennent chercher mes romans alors qu’auparavant ils envoyaient leur femme l’acheter et le faire dédicacer. Maintenant, ceux qui apprécient le genre d’enquêtes que j’écris viennent me le dire devant ma table de signature.
Qui a dit que les hommes étaient tous des brutes ! J
Et ça pour moi, c’est la preuve que polars des villes ou polars des champs savent convaincre pourvu qu’ils soient bien écrits.

Tu m'as confié qu’en ce moment c'était la course car tu devais rendre un manuscrit à ta maison d'édition, tu peux nous en dire plus ou cela reste secret ?

Tant qu’un roman n’est pas dans ma main, j’essaie de ne pas en parler. J’ai déjà pris quelques baffes dans la figure. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, malgré notre désir, on ne publie pas toujours chez le même éditeur et à cela, plusieurs raisons dont nous pourrons parler un jour.
J’ai en ce moment trois romans et deux contes pour enfants sur la sellette, c'est-à-dire en lecture sans garantie aucune de publication.
Un polar, un autre Di Nazzo, un peu moins campagne et un plus urbain qui est en lecture et que j’ai hâte de partager avec mes lecteurs. Deux romans Jeunesses, pas forcément polars, et deux histoires pour enfants de 8/10 ans dont ma petite-fille Cléa est l’héroïne.
Donc, attente, espoirs, désespoirs jusqu'à une réponse positive…c’est la vie d’un écrivain. Cependant je peux déjà vous annoncer la sortie d’un roman Jeunesse polar, « Les génies décapités » dans le genre « Di Nazzo » qui doit sortir fin mars aux Editions Piétra Liuzzo. J’emmène mes jeunes lecteurs dans une aventure au milieu des temples d’Angkor, au Cambodge.

Je te laisse le mot de la fin.

Pouvoir rencontrer d’autres écrivains de polars et échanger avec des lecteurs est une chance formidable que nous offre le Forum Polard’Eux »…

Et je vous dis merci du fond du cœur de m’accueillir auprès de vous.

Chaleur, humanité, sagesse. C'est un bonheur de t'avoir parmi nous.

Heuuuuu! Vous allez me demandez quoi, là? :-))

Agréable et instructif entretien.
Je trouve dommage qu'on classifie les genres de cette façon : polars urbains, polars ruraux, etc. Bientôt, on va avoir le polar balnéaire ou le polar montagnard. Aux Etats-Unis, ils n'ont pas cette manie. L'essentiel est ailleurs, même si l'environnement détermine beaucoup de choses dans le grain d'un livre.
Je te lirai, Nicole.

Bonjour Cyril...bien d'accord avec toi..j'ai toujours l'impression de faire du "sous-polar" quand je vois la tête de certaines personnes qui lisent mes quatrièmes de couvertutes. Pourtant je vais t'expliquer un truc...quand je suis dans un salon du polar, pas de problème, "sous-polars" ou polars à part entière, les lecteurs savent ( en gros) ce que tu écris. cependant...dans les salons toutes littératureses dans lesquelles je signe, des lecteurs attirés par ma couverture discutent du roman
"- C'est quoi ça comme histoire?"
- du polar!
Grand cri effrayé, vite fuyons:
-Ha mais moi j'ai horreur du polar!
-Quel polar? le polar américain-urbain-tripes a l'air-tortures et Cie
Grand sourire de soulagement...j'avais compris!
*-Oui, j 'aime pas, c'est trop...trop...
Et là, Tatataaaaan!... Zorro ( heu Nicole) arrive avec son polar "rural"...
-Oui mais moi c'est du polar à la campagne, la nature, le terroir, les meurtres qu'on connaît bien dans ce milieu, petites vengeances de voisins jaloux, de mari trompé, de trucs qu'on voudrait bien piquer aux autres...des crimes sanglants oui, mais dans un beau bois de châtaigniers, des champs de tournesols, et surtout, des SENTIMENTS dans mes histoires
Et là, je vois un autre sourire naître sur les lèvres de ma future lectrices et maintenant de futurs lecteurs
Alors, bon, c'est vrai que c'est TOUT du POLAR, mais si déjà les lecteurs font la différence en triant les lieux des intrigues, les genres de crimes et l'ambiance....les pays dans lesquels ça se passe, si ce sont des flics ou des gendarmes...allez comprendre vous mêmes!
Bon alors, je revendique ma différence d'écriture et de genre...je fais du " Polar rural" ( pour l'instant!) qu'on se le dise....

ps. je relis ce que tu as écrit, tu parles de polars balnéaires ou montagnes...mais sais-tu qu'on me dit souvent( GRRRR) ha ben, si ça se passait à "perpette les olivettes" plutôt qu'à "Trucmachinchose" je l'aurai pris vot' polar! Et vlan!...Tu vois, les lecteurs aiment le régional, Gilles Guillon des éditions Ravet Anceau ne s'y est pas trompé....l...pas forcément les romans de terroir, mais les polars qui s'y déroulent. ça change un peu! :-))

Parmi les polars qui m’ont marqué, deux sont des polars ruraux : Retour à Malaveil, de Claude Courchay et L’été meurtrier de Sébastien Japrisot.

Que dire alors du polar belge ???

Heu, Zorro, ...c'est moi !

Ha oui c'est vrai! Zorro c'est toi, bon..je ne recommencerai pas! promis....

Oui ce sont deux bons romans dont l'un a servi a tourner un film que tout le monde a vu et j'aimerai signaler aux lecteurs un autre écrivain de polar " dans mon genre" que j'aime beaucoup et avec qui j'ai passé du temps lors de deux salons....Pierre Magnan; dont "la maison assassinée" a été choisie pour le bon film que l'on connaît bien. Et j'ai été très touchée lorsque mon roman "La pierre du diable" est passée a l'antenne de LCI, dans "coups de coeur des librauires" que Cyril Colar( j'suis sûre que je fais une faute d'orthographe) l'ait comparé à son écriture et à son style.
Bien sûr je ne me mets pas à la "hauteur" de Pierre Magnan, mais il nous fait partager de bons polars dans sa région provençale.
Alors, j'avoue, je ne suis pas lectrice de polars, du moins pas beaucoup,( oui, je sais, ça surprend...) je m'en expliquerai une autre fois. Non que je méprise les autres auteurs mais j'aime garder mon imagination exempte d'autres exemples....mais si une certaine littérature Belge donne aussi dans le régional mais bien accès sur la campagne, il va falloir nous les faire découvrir....

les Belges... je trouve que certains Simenon on ce petit quelque chose du "Polar Rural".

Et puis Nicole, tu es trop modeste, on ne site que les auteurs qui ont du talent.

Oui...bof...moi je suis un écrivain heureux, c'est déjà çà!.. cependant j'attends encore autre chose ..faut être patiente c'est tout!

Simenon..ha oui..lectures de ma "jeunesse!"





( zorro, regarde dans tes messages stp...et corrige "l'erreur" merci)

Très belle interview dame Nicole! Bravo!

Merci ma Dup'..:-)

Oui, une très belle interview !
Quand on connaît Nicole en vrai, on la reconnaît bien là !

Et de deux!...voici ma Wall...une tornade dont il faudra bien se méfier....contente que tu te joignes à nous! Merci à toi!

Pierre Magnan, c'est très bien. Le film "la maison assasinée" est une catastrophe. Patrick Bruel est une catastrophe.

Tu vas te faire lyncher TXOA...tu sais les admiratrices qu'il compte?

Ma fille trouve qu'il est vieux. Moi je trouve qu'il est stupide. A nous deux, on trouve que c'est un vieux stupide.

Ben il pas toujours été vieux:

Stupide?...ch'ai pas!

Bah, il a réussi à nous sortir une blague drôle, ce matin, à la radio :

Au tribunal
L'avocat - Mr Benchétrit, vous êtes accusé de viol. Reconnaissez-vous cette jeune femme
L'accusé, très fier de lui - Ben, évidemment : je l'ai niquée !

Voilà, ici, ça nous a beaucoup fait rire

De toute façon je ne suis pas une de ses fans...pas de la même génération et je n'ai jamais compris qu'il ait eu un tel succès...mais a cette époque j'avais d'autres choses a faire..;
( non, pas d'autres chats a fouetter, selon l"expression consacrée...je ne fouette jamais les chats...je les caresse.
Heuuu, vous les mecs, je ne vous demande pas de venir mettre votre grain de sel suite à ma phrase, hein!

Ben, ce fil est consacré à Nicole Provence ou à Patrick Bruel ?

T'as bien raison pour les chats, Nicole !!! D'ailleurs, hop, j'en profite pour faire un câlin à mes deux fauves

Manuel...tu as raison...Bon, désormais on en parle que de MOI et de mon entretien, d'accord?

Et des chats aussi....

Nicole Provence a écrit:
( non, pas d'autres chats a fouetter, selon l"expression consacrée...je ne fouette jamais les chats...je les caresse.
Heuuu, vous les mecs, je ne vous demande pas de venir mettre votre grain de sel suite à ma phrase, hein!

Pfffff… On a même pas le temps de réagir…