Entretien avec Franck Thilliez

Franck Thilliez a accepté d’interrompre ses vacances à Bali pour répondre aux questions du Coin Polar. L’interview s’est déroulée ce 21 juillet 2008, entre 12.34 heures et 14.08 heures dans une pizzeria dissimulée à l’ombre de la gare de Lens.
Franck a choisi le plat du jour à 10 € (inclus ¼ Badoit + dessert ou café) ; des pâtes au jambon-crème-lardons-frometon.

LCP : — Un Thilliez, ça tire à combien aujourd’hui ?

Franck Thilliez : — Dans l’édition originale, la Chambre des Morts s’est vendu à 60.000 exemplaires, la Forêt des Ombres et la Mémoire Fantôme à 50.000. Les éditions de poche se vendent à 120.000 exemplaires.

LCP : (j’avale de travers, j’éponge les dégâts et je reprends mon souffle) — Quels sont tes projets ?

Franck Thillez : — Mon dernier roman, L’anneau de Moebius sort en octobre aux éditions du Passage. J’avance bien sur le suivant dont je n’ai pas encore choisi de titre.

LCP : — Comment qualifies-tu le « style » Thilliez ?

Franck Thilliez : (il ajoute du sel dans ses pâtes, puis sourit) — En Hollande, ils mettent mes bouquins dans la section « Horreur », moi je les qualifie de thrillers.

LCP : (par empathie, j’ajoute du sel aussi) — Tu as arrêté ton métier d’informaticien. Désormais, ton job, c’est auteur à succès. Comment ça se passe ? Quels sont les avantages et les inconvénients ?

Franck Thillez : — Je commence à écrire vers 8.30 heures pour m’arrêter à 16.30 heures. L’écriture d’un bouquin me prend en tout un an considérant la recherche, le plan, l’écriture proprement dite et la relecture. L’avantage, c’est la liberté. Je fais ce que je veux quand je veux. Je vis ma passion. L’inconvénient ? La peur du futur. L’angoisse que mon imagination s’épuise, que je ne trouve plus d’idées nouvelles, que mes livres perdent en qualité.

LCP : — Quelle est ta méthode de travail ?

Franck Thillez : — Quand j’ai terminé un roman, je commence à penser au suivant. C’est le moment le plus difficile pour moi ; imaginer, concevoir, choisir l’intrigue du prochain. Certaines idées sont éliminées après deux minutes, d’autres tiennent deux jours. Quand je tiens celle qui me parait la bonne, je définis les personnages et les lieux. Viennent ensuite les étapes-clés, ce qui doit se passer, les rebondissements, les événements majeurs. Je fais ensuite la découpe des chapitres en déterminant en deux lignes ce qui doit se passer dans chacun d’eux. Commence ensuite la rédaction, chapitre par chapitre en suivant l’ordre chronologique. En parallèle, il y a de nombreuses lectures, de la recherche de documentation, des repérages, etc.

LCP : – Tu prends un café ?

Franck Thilliez : — Avec plaisir. (il sort son portefeuille)

LCP : — Laisse, c’est pour nous.

Une chose est sûre, Franck Thilliez n’a pas attrapé la grosse tête. Je tiens ici à le remercier pour ce bon moment passé avec lui et pour tout ce que nous nous sommes dit d’autre qui n’apparaît pas dans cette interview.

C'est bien le Franck Thilliez que je croise souvent dans les salons. Pas la grosse tête et même une sorte de timidité qui vous donne envie de lui dire" Hé Franck, sois fier de toi, t'es un sacré écrivain quand même!"
A la limite, on n'ose plus parler de son petit roman sorti depuis peu....