Je suis un terroriste, de Pierre Brasseur
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Je suis un terroriste, de Pierre Brasseur
Je suis un terroriste, de Pierre Brasseur, éditions Après la Lune
La France des années Sarkozy
Suite de l'article ici
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J'ai pris un cours de lecture rapide et j'ai pu lire "Guerre et Paix" en vingt minutes : ça parle de la Russie. (Woody Allen)
blog Un polar: http://unpolar.hautetfort.com/.
La France des années Sarkozy
Comment des paumés ordinaires peuvent-ils basculer, en 2 009, dans un terrorisme qui ne s’en prend pas seulement à des caténaires de TGV, mais à des individus de chair et d’os ? Le roman de Pierre Brasseur est une tentative de réponse à cette question.
La question du terrorisme ne se pose aujourd'hui que marginalement, en France. Elle est en tout cas moins centrale que ce que le pouvoir a tenté de nous faire croire, via les grands médias qu’il manipule avec brio. L’emprisonnement de Julien Coupat et de ses amis, accusés sans preuves ni aveux « d’association de malfaiteurs et dégradations en relation avec une entreprise terroriste » est à cet égard révélateur. Il fallait, dans cette période de crise économique menaçante, inquiéter le pays en lui laissant croire qu’un danger intérieur extrême le menaçait : on sait que l’histoire a fait pschitt, pour reprendre l’expression de Jacques Chirac dans une autre affaire.
Mais même si le terrorisme n’est plus au cœur des débats politiques, le thème du roman est tout de même passionnant : comment des jeunes gens (la trentaine) vont-ils glisser de leur marginalité politisée, alcoolique et souvent défoncée vers un terrorisme dirigé non contre un État honni, mais vers des individus qui symbolisent, pour eux cet État, à savoir quelques représentants de seconde zone du MEDEF et un journaliste banalement et platement sarkozyste ? Comment vont-ils alors justifier la nécessité (selon leur conviction) de tuer des êtres humains dont ils ne savent rien, et qu’ils haïssent d’une façon abstraite ?
Cette question peut sembler gratuite dans un pays qui ne connaît plus ce genre d’action violente depuis les derniers soubresauts d’Action Directe. Mais ne serait-elle pas prémonitoire d’une réalité que nous allons connaître bientôt, comme une odeur qui flotte autour de nous et que seul un écrivain peut humer et exprimer lorsqu’elle est dans l’air du temps ?
En fait, prémonitoire ou non, cela n’a guère d’importance, car on peut aussi considérer ce livre comme un exercice de style et le juger à l’aune de son efficacité littéraire : l’auteur a-t-il réussi son coup en nous présentant des personnages de notre époque et en rendant crédible leur dérive violente ? Ou bien son essai romanesque tombe-t-il à plat ? (...)
La question du terrorisme ne se pose aujourd'hui que marginalement, en France. Elle est en tout cas moins centrale que ce que le pouvoir a tenté de nous faire croire, via les grands médias qu’il manipule avec brio. L’emprisonnement de Julien Coupat et de ses amis, accusés sans preuves ni aveux « d’association de malfaiteurs et dégradations en relation avec une entreprise terroriste » est à cet égard révélateur. Il fallait, dans cette période de crise économique menaçante, inquiéter le pays en lui laissant croire qu’un danger intérieur extrême le menaçait : on sait que l’histoire a fait pschitt, pour reprendre l’expression de Jacques Chirac dans une autre affaire.
Mais même si le terrorisme n’est plus au cœur des débats politiques, le thème du roman est tout de même passionnant : comment des jeunes gens (la trentaine) vont-ils glisser de leur marginalité politisée, alcoolique et souvent défoncée vers un terrorisme dirigé non contre un État honni, mais vers des individus qui symbolisent, pour eux cet État, à savoir quelques représentants de seconde zone du MEDEF et un journaliste banalement et platement sarkozyste ? Comment vont-ils alors justifier la nécessité (selon leur conviction) de tuer des êtres humains dont ils ne savent rien, et qu’ils haïssent d’une façon abstraite ?
Cette question peut sembler gratuite dans un pays qui ne connaît plus ce genre d’action violente depuis les derniers soubresauts d’Action Directe. Mais ne serait-elle pas prémonitoire d’une réalité que nous allons connaître bientôt, comme une odeur qui flotte autour de nous et que seul un écrivain peut humer et exprimer lorsqu’elle est dans l’air du temps ?
En fait, prémonitoire ou non, cela n’a guère d’importance, car on peut aussi considérer ce livre comme un exercice de style et le juger à l’aune de son efficacité littéraire : l’auteur a-t-il réussi son coup en nous présentant des personnages de notre époque et en rendant crédible leur dérive violente ? Ou bien son essai romanesque tombe-t-il à plat ? (...)
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J'ai pris un cours de lecture rapide et j'ai pu lire "Guerre et Paix" en vingt minutes : ça parle de la Russie. (Woody Allen)
blog Un polar: http://unpolar.hautetfort.com/.
Jacques Teissier- Mot
Re: Je suis un terroriste, de Pierre Brasseur
Un Polar publie un entretien avec Pierre Brasseur sur son roman "Je suis un terroriste".
Un Polar : Votre but, clairement affirmé, est de parler de notre époque. Vous le dîtes dans votre blog : « Parler des ouvriers exploités, c'est ignorer les millions de gens qui subissent beaucoup plus durement ces évolutions, les millions de précaires et de chômeurs qui sont devenus le prolétariat ».
Avec Maude, Guillaume, Raoul, avez-vous cherché à créer des personnages qui seraient plus ou moins représentatifs de « ces millions de précaires et de chômeurs qui sont devenus le prolétariat » ?
Pierre Brasseur : En partie. Mes personnages sont des précaires, mais d’une espèce minoritaire : ce sont des déclassés (issus de la classe moyenne, ils vivent moins bien que leurs parents) et ils ont des ambitions artistiques ou intellectuelles qui les rendent plutôt représentatifs d’un peuple paumé, au RSA, critique envers la société, souvent citadin et artiste.
En revanche, ils ont une attitude de victimisation qui existe chez toutes les sortes de précaires. Ils éprouvent aussi de manière très aiguë le sentiment que leur vie est nulle, vide, lamentable.
L’hypothèse de Je suis un terroriste est que ces individus s’arrachent à leur passivité, constitutive de leur précarité. Elle la dépasse même : de multiples individus, qui ne sont pas toujours précaires – loin de là –, s’exaspèrent tous les jours devant la télé et les journaux, et ont des envies de grand changement. Mes personnages poussent cette logique jusqu’au bout.
Pour lire la suite, c'est ici
Un Polar : Votre but, clairement affirmé, est de parler de notre époque. Vous le dîtes dans votre blog : « Parler des ouvriers exploités, c'est ignorer les millions de gens qui subissent beaucoup plus durement ces évolutions, les millions de précaires et de chômeurs qui sont devenus le prolétariat ».
Avec Maude, Guillaume, Raoul, avez-vous cherché à créer des personnages qui seraient plus ou moins représentatifs de « ces millions de précaires et de chômeurs qui sont devenus le prolétariat » ?
Pierre Brasseur : En partie. Mes personnages sont des précaires, mais d’une espèce minoritaire : ce sont des déclassés (issus de la classe moyenne, ils vivent moins bien que leurs parents) et ils ont des ambitions artistiques ou intellectuelles qui les rendent plutôt représentatifs d’un peuple paumé, au RSA, critique envers la société, souvent citadin et artiste.
En revanche, ils ont une attitude de victimisation qui existe chez toutes les sortes de précaires. Ils éprouvent aussi de manière très aiguë le sentiment que leur vie est nulle, vide, lamentable.
L’hypothèse de Je suis un terroriste est que ces individus s’arrachent à leur passivité, constitutive de leur précarité. Elle la dépasse même : de multiples individus, qui ne sont pas toujours précaires – loin de là –, s’exaspèrent tous les jours devant la télé et les journaux, et ont des envies de grand changement. Mes personnages poussent cette logique jusqu’au bout.
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Jacques Teissier- Mot
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