Entretien Avec Jean-Christophe Gérard

Polar d’Eux : Jean-Christophe, bonjour, tu ne vas pas échapper à la question traditionnelle : peux-tu te présenter en quelques phrases ?

Jean-Christophe Gérard : Scorpion, pas végétarien, et accro au Macintosh… Je vis et travaille à Lille… Mon premier polar "Le Bûcher de la salamandre", paraît ces jours-ci aux éditions Ravet-Anceau…

Polar d’Eux :"Le Bûcher de la salamandre"… Beau titre… Peux-tu nous en dire davantage ?

Jean-Christophe Gérard : J’ai trouvé le titre avant d’écrire l’histoire. J’ai besoin d’un titre pour écrire. Je compare ça à la poignée d’une valise volumineuse : c’est indispensable pour pouvoir empoigner tout le reste, le soulever… Pour moi, c’est le titre qui fait tenir les pages ensemble, autant que la reliure. Un jour j’ai écrit "Le Bûcher de la salamandre" sur une feuille et puis je me suis dit :"Ça sonne bien". Et puis une minute plus tard, je me suis dit : "Mais qu’est-ce que ça raconte ?"… et c’est là que les ennuis ont commencé (rires).

Polar d’Eux : Quelques mots à propos de l’histoire ?

Jean-Christophe Gérard : Le jeu de mots est facile, mais je dirais que davantage qu’une enquête c’est l’histoire d’un personnage qui est en quête… Juste un quidam qui répond à un coup de téléphone et qui se trouve embarqué dans un tourbillon…

Polars d’Eux : Le personnage principal de ton livre enseigne la philo, comme toi : faut-il en déduire que c’est toi qui se cache derrière le personnage de Fabine Gabryel ? C’est un ouvrage autobiographique ?

Jean-Christophe Gérard : Il s’agit davantage d’une espièglerie. C’est agréable de brouiller les cartes. Lorsque j’ai écrit, j’ai dû concentrer mes efforts sur ce qui exigeait un véritable travail d’imagination. Alors par compensation, je me suis parfois offert la possibilité d’être un petit peu plus paresseux sur certains points qui étaient moins essentiels. Je n’allais pas faire de mon personnage en faire un pilote de ligne ou un administrateur de réseaux informatiques, alors que ce sont des domaines dont j’ignore tout. Il me fallait un type un peu héroïque, un peu solitaire, un peu désabusé… Je me suis dit "prof de philo, ça ira très bien…" (rires).

Polars d’Eux : Quelles sont tes influences ?

Jean-Christophe Gérard : Dans mon panthéon figurent en bonne place Lawrence Block, James Ellroy, James Crumley, Jean-Patrick Manchette… J’ai une grande admiration pour le travail prodigieux accompli par Peter Straub dans sa "trilogie blue rose" (Koko, Mystery, La Gorge). La Gorge est un chef-d’œuvre… J’imagine que je ne serai pas original si j’ajoute que bien entendu que je considère Raymond Chandler comme le Maître absolu, la référence…

Polars d’Eux : Sur la quatrième de couverture, l’éditeur écrit que tu oscilles "entre sensualité, tragique et humour"…

Jean-Christophe Gérard : J’aime les mélanges. Le polar m’apparaît comme une forme particulièrement libre, apte à accueillir simultanément des éléments qui proviennent de registres variés. C’est ce qui fait sa saveur. Je trouve ça assez jubilatoire, à vrai dire…

Polars d’Eux : Pour qui écris-tu ?

Jean-Christophe Gérard : Vous connaissez la rengaine : tout le monde se plaint de « vivre une vie de fou en ce moment », de n’avoir pas une minute à soi, d’être complètement débordé, de n’avoir jamais le temps de rien faire, etc. Si on suit cette pente, il n’y a très vite plus de place du tout pour la lecture. Parce que la lecture, c’est d’abord ça : du temps, de la disponibilité… Mais il y a pourtant des gens qui trouvent le temps quand même. Ils ont eux aussi un travail très prenant, des enfants à élever, des obligations, des courses à faire, mais ils réussissent l’impossible : ils trouvent le temps, ils se le donnent, ils font de la résistance… C’est pour eux que j’écris…

Polars d’Eux : Dans "Le Bûcher de la salamandre" tu fais de nombreuses références au monde du rock des années soixante et soixante-dix, notamment à Bob Dylan. C’est un de tes héros ?

Jean-Christophe Gérard : J’accorde à Dylan une place à part. C’est un être d’une intelligence stupéfiante, très au-dessus de la mêlée… Il est capable de faire tenir un roman complet dans une chanson de cinq minutes… Pour moi, il dépasse les catégories de la musique "pop", ou du "rock", je suis convaincu qu’il va rester, qu’il sera reconnu comme un immense créateur.

Polars d’Eux :Tu as d’autres projets ?

Jean-Christophe Gérard : Je me suis attaché au personnage de Fabien Gabryel, je ne vais pas le laisser tomber comme ça…

Polars d’Eux : Ça veut dire qu’il va y avoir une suite au "Bûcher de la salamandre"?

Jean-Christophe Gérard : Peut-être pas tout à fait une « suite » à proprement parler. Mais ce qui est sûr, c’est que l’on va retrouver ce personnage, mais sous un angle nouveau…

Je ne sais pas comment Jean-Christophe écrit, mais en tout cas, il parle bien.

Justement.

On aimerait bien voir comment Jean-Christophe écrit !

Mais chez Ravet on est tombés en rupture de bandeaux rouges.
Donc la sortie du polar de Jean-Christophe tarde un peu.

Rebus a écrit:Justement.

On aimerait bien voir comment Jean-Christophe écrit !

Mais chez Ravet on est tombés en rupture de bandeaux rouges.
Donc la sortie du polar de Jean-Christophe tarde un peu.

Smiley: rire franc mais toutefois silencieux car à cette heure-ci il y en a qui dorment ;-)
J'ai reçu hier soir un mail d'un ami qui travaille dans une FNAC: le livre est désormais référencé sur Electre (la base de données de référence des libraires), ce qui signifie qu'il est désormais possible de le commander. En dehors de la région Nord/Pas-de-Calais, il faut préciser que la distribution est assurée par Calibre.

Si vous voulez avoir un avant-goût de mon bouquin, je vous propose d'aller faire un tour sur mon site. Je n'ai pas mis d'extraits à proprement parler (à peine quelques phrases), mais je pense qu'il donne une première idée de son atmosphère... cliquez ici