L'étang de la mariée, de Nicole Provence

« L'étang de la mariée » doit son surnom à une fiancée qui s'y noya après la mort de son promis. Ce n'est pas la seule raison qui en fait un étang maudit. Deux petites filles, les jumelles, Mareska et Ludivine, sont partie en barque sur l'étang durant l'été de leurs huit ans et ce malgré l'interdiction de leur mère.

En jouant (était-ce un jeu) la barque a chaviré et l'une des deux est morte noyée. Grâce à leur médaille, on sait que ce fut Mareska qui fut sauvée. Au grand soulagement de leur mère, qui la préférait à sa sœur, moins facile à vivre, plus turbulente.

La voilà revenue, vingt ans après, dans la maison familiale où l'attend Armelle, une cousine à présent âgée qui prit soin des enfants, dans leur petite enfance. Armelle qui semble en savoir plus long qu'elle ne le dit. Il y a un chat aussi, qui a élu domicile après le décès de la mère.

Mareska souffre de cauchemars récurrents ; Ludivine semble être revenue pour hanter sa sœur. Ou bien Mareska souffre-t-elle d'un dédoublement de la personnalité ? C'est en tout cas ce que semble redouter Jean, l'ami d'enfance des jumelles, amoureux d'elle depuis qu'ils ont grandi, convaincu que Mareska est schizophrène.

Des accidents graves, des visions, des voix dans une chambre d'enfant où seule Mareska se rend encore avec son lourd secret.

Sur un ton très simple pour une intrigue très compliquée, la romancière Nicole Provence entraîne les lecteurs dans les méandres de la confusion de l'âme humaine.

Les théories sur les jumeaux, l'un étant parfois la part d'ombre de l'autre, l'effet-miroir de deux existences, n'est pas un sujet neuf en littérature.
Souvenez-vous du très beau roman de Diane Setterfield « The Thirteenth Tale », où ce sujet était également abordé.

Quant au pantin maléfique, pas mal de films d'horreur nous ont flanqué une trouille bleue d'encore nous approcher de nos poupées, délicats reflets de nos cœurs d'enfant.

Mais même si le sujet n'est pas neuf, Nicole Provence leur insuffle un vent nouveau, palpitant et haletant, dans ce thriller psychologique, un vent qui vous glace jusqu'aux os ; comment l'héroïne va-t-elle se sortir de ce marécage, au propre comme au figuré, dans lequel elle s'enlise peu à peu.

Ce qui est assez effrayant dans le roman – en dehors d'une intrigue à donner la chair de poule aux plus endurcis – est l'alternance des passages bucoliques et poétiques, la description des fleurs dans un jardin, la quiétude de la nature environnante et puis, soudain, l'éclatement de la fureur qui habite Mareska (ou Ludivine ).

On se prend à rêver, à se promener, on ressent presque la brise sur le visage et puis, hop, soudain un nouveau déferlement de rage, de désespoir à vous glacer le sang.
La romancière s'y entend vraiment pour souffler le chaud et le froid.

J'avais cependant plus ou moins décortiqué une partie de l'histoire, mais c'est la faute au chat !

Je vous conseille vivement la découverte et de ce roman-ci, et de cette romancière sympathique, nouvelle reine du polar made in France, mais qui ne se contente guère de ce de livre. D'autres écrits sont déjà sortis de sa plume élégante.

voilà qui va faire rosir de plaisir notre Nicole

Vouais....franchement ça me fait un plaisir immense car je ne connaissais pas Shéhérazade et je n'avais aucune idée de la façon dont elle apprécierait ce roman.

Oui, tout bêtemnt , je suis heureuse!

Merci Shéhérazade.

T'as bien raison, va ! Profites-en, tu l'as mérité

Merci Belle Isa