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Entretien avec Olivier Titz

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Paul Colize
Max Gillio
Jean-Christophe Gérard
Admin
8 participants

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Entretien avec Olivier Titz Empty Entretien avec Olivier Titz

Message par Admin Lun 5 Jan - 13:25

Entretien réalisé par Paul Colize en décembre 2008.

— Assieds-toi là. Nom, prénom, âge ?


— Olivier, 32 ans, sagittaire, 2 enfants. Aime le golf, son potager, lire des polars, la bonne bouffe (la faire et la déguster) et la bière de l’abbaye d’Orval.

— Que faisais-tu dans la nuit du 28 au 29 février 1997 ?


— J’étais sous les drapeaux, pour effectuer mon service militaire : jouer à la guerre, tirer au lance-roquettes, dormir dans des igloos et tout un tas de choses de ce genre.

— Comment devient-on ordonnateur de pompes funèbres ?


— En regardant Six Feet Under en boucle.

— C'est quoi, pour toi, un "bon" polar ?


— Je n’ai pas de définition du « bon » polar. L’intérêt peut venir de plusieurs façons : style, intrigue, lieux, protagonistes, époque… Tous ces critères ne sont pas indispensables pour définir un bon polar. Mais plus ils sont nombreux mieux c’est. De même qu’un seul de ces critères peut sauver le roman. Cela varie aussi de mon humeur du moment, du niveau du roman que j’ai lu juste avant… Pour tenter quand même de répondre sans botter en touche (oui j’aime les métaphores sportives), je dirai que si le plaisir est au rendez-vous, c’est gagné, c’est un bon polar. Ce qui explique que je place dans mon panthéon personnel des gars comme San-Antonio, Pelecanos, Daeninckx, Nesbo, Chandler, Malet, Bruen, et même des auteurs belges comme Simenon ou Paul Colize…

— Les librairies suivent-elles une ligne "librariale", de la même façon qu'une maison d'édition suit sa ligne éditoriale ?


— Je ne sais pas si c’est le cas ailleurs mais là où je bosse j’ai à la fois quelques contraintes à respecter, mais aussi un espace de liberté pour exprimer mes choix.

— Quels ont été tes coups de coeur les plus paradoxaux ?


— En plein Nord de la France je suis fan des polars dits « méridionaux » de chez Jigal. Du polar qui sent l’aïoli, la lavande et le pastis. Mais à part quelques clients/lecteurs prêts à tout personne ne m’a suivi. Mais je persiste.

— Sur quelle base établis-tu tes critères de choix de livres ?


— La librairie pour laquelle je bosse fait partie d’un groupe, nous sommes donc inscrits sur les grilles d’office de la plupart des maisons d’édition. Donc je ne choisis pas tout et je reçois la quasi totalité de la production au minimum par 1 exemplaire. Pour ce qui est de « pousser » un roman, cela dépendra de la notoriété de l’auteur, de ses succès (ou flops) précédents, de l’intérêt que le représentant de la maison d’édition aura réussi à titiller lors de sa présentation et enfin, des attentes des clients/lecteurs.

— Fana de polar, donc...Mais pourquoi ?


— Probablement parce que c’est le genre le plus créatif et le plus en phase avec le monde.

— Des dédicaces, des écrivains, des salons, tu as dû en voir des tonnes : une anecdote drôle, tragique, passionnante, révélatrice...impérissable ?

— Et bien en fait ce qui m’a le plus surpris dans ce genre de manifestation, c’est la disponibilité et la gentillesse des auteurs de polars. Même quand y’a pas grand monde au rendez-vous… Alors que certains « grands auteurs » de littérature dite « blanche » sont plutôt froids, distants et un peu « mécaniques » dans leurs contacts avec le public venu « voir » celui qu’ils « lisent ».

— Le polar engagé tu en penses quoi ?

— Je ne suis pas trop du genre à coller des étiquettes sur les polars. Même s’il faut parfois en mettre pour aider les lecteurs qui ne sont pas fans du genre à s’y retrouver entre thriller, hard-boiled, roman noir…
Le polar engagé, ça peut aller du polar écolo, au polar politique, en passant par le polar social… Le polar, je le disais plus haut, est en phase avec le monde dans lequel il évolue. A travers la loupe que constitue une œuvre de fiction, un auteur peut revendiquer, interpeller, questionner. Si en étant engagé, le polar permet, en plus de passer un bon moment, de faire « passer un message » pourquoi pas.
L’essentiel reste qu’un auteur trouve son (enfin s’il en trouve plusieurs c’est mieux) lecteur.

— La tendance des lecteurs de Polar ?

— Dans la librairie où je bosse ils sont assez « grégaires ». Si on en a parlé « dans le poste » c’est bien, sinon c’est plus dur. Chattam, Grangé, Clark, George, Vargas, Coben, Connelly et consorts sont donc toujours les favoris. D’où l’indispensable rôle des libraires, surtout quand ils s’engagent et font partager leurs découvertes. Mais aussi l’éclairage apporté par les lecteurs/chroniqueurs que l’on trouve sur le ouèbe par exemple.

— Achat impulsif ou réfléchi ?


— J’achète peu. Un des avantages du métier c’est de recevoir des services de presse de la part des maisons d’édition, de recevoir des manuscrits, et d’emprunter sur mon lieu de travail. Quand j’achète c’est souvent réfléchi. Quand je m’intéresse à un auteur par contre l’achat devient compulsif.

— Quelle est la part de clients qui demandent conseil ?


— La proportion de clients qui demandent conseil est assez faible. Il faut dire que je place pas mal de petits mots sur les bouquins que j’ai lu, pour certains cela suffit.
Beaucoup de clients veulent juste que je leur trouve le bouquin dont ils ont lu ou entendu la critique. Malheureusement le comportement « grande surface » atteint aussi les magasins qui vendent des produits culturels.
D’autres viendront me voir après avoir « essayé » mes conseils sans me le dire. S’ils les trouvent dans leurs cordes, généralement ils reviennent, me demandent des choses plus précises. La discussion et l’échange commencent vraiment.
Et puis il y a ceux avec qui le courant passe immédiatement, qui reviendront me parler de leurs lectures, qui me les feront partager. C’est grâce à eux que je sais pourquoi je fais ce métier ! Et que je continue…

— Tes coups de cœur 2008 ?


— Indéniablement « Zulu » de Caryl Férey. Une énorme claque ! Ce gars a un style que l’on n’oublie pas. Ce roman palpite en moi encore plus de 6 mois après sa lecture…
Il y a aussi la confirmation du grand talent de Jo Nesbo. Et j’attends impatiemment de voir comment sera accueilli le dernier polar d’un écrivain belge de ma connaissance…

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Message par Jean-Christophe Gérard Mar 6 Jan - 15:21

Merci pour cet intéressant entretien.
De toute façon, quelqu'un qui aime la bière de l'abbaye d'Orval ne peut pas avoir tout à fait tort...
On peut comprendre un certain souci de discrétion, mais on aurait toutefois aimé un indice, une piste à propos de ce groupe pour lequel O. Titz travaille...
En tout cas, très instructif de bénéficier du témoignage d'un libraire... En lira-t-on d'autres? Je l'espère, en tout cas...
Jean-Christophe Gérard
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Message par Max Gillio Mar 6 Jan - 15:31

Et si on veut le contacter, on fait comment ? Y a un lien ? Un mail ?
Max Gillio
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Message par Paul Colize Mar 6 Jan - 15:59

Il va certainement venir faire un tour par ici. S'il s'inscrit, il répondra lui-même aux questions. Sinon, il me soufflera les réponses.
Paul Colize
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Message par Elisa Vix Mar 6 Jan - 19:16

Très intéressant d'avoir le témoignage d'un libraire
Elisa Vix
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Message par Rebus Mar 6 Jan - 21:30

... et même des auteurs belges comme Simenon ou Paul Colize…

C'est qui Simenon ?
Rebus
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Message par Novi Mar 6 Jan - 21:39

Elle est bien cette interview, voila un gars à qui on pose des questions ouvertes et qui répond pilepoil sur les sujets intérèssants...

En quelques lignes, il a réussi à parfaitement définir le contexte éditorial-diffusion actuel....

L'on s"en doutait un peu mais il met bien les points sur les i .....
Novi
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Message par MacOliver Dim 11 Jan - 20:33

Salut à tous ! Merci pour ces commentaires.

Je bosse pour un groupe de librairies présentes surtout dans le Nord et le Pas-de-Calais : Le Furet du Nord. Pour me contacter, passez les questions à Paul qui transmettra !
MacOliver
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feuille blanche
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