Jean-Bernard Pouy : 1280 âmes

Dans le côté décalé, pince-sans-rire et déjanté, je ne saurais que trop vous conseiller – ou vous
déconseiller, vous allez voir… - 1280 âmes, de Jean-Bernard Pouy. Arnaque magnifique ou
livre en queue de poisson ? Ce roman aurait pu, aurait dû un roman génial. Il ne fait que frôler
par instants la perfection.
L’idée de départe, elle, est de toute façon épatante : Pierre de Gondol, le plus petit libraire de
Paris, a une connaissance sans limités de la littérature. Réputé pour son érudition, il
n’accueille que des passionnés extrêmes et frappadingues qui aiment à lui soumettre énigmes,
colles et recherches ardues.
Un matin, un client lui propose une enquête : il vient d’achever la lecture du roman de Jim
Thompson traduit par Marcel Duhamel sous le titre de 1275 âmes. Or le titre original, lui, est
Pop. 1280. Une question taraude donc le client : où sont donc passées ces cinq personnes
oubliées par le traducteur ?
Pierre de Gondol va mener l’enquête, d’abord en comparant les différentes éditions du roman,
puis en se rendant directement aux States.
Que l’on se rassure, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le roman de Jim Thompson (adapté au
cinéma par Bertrand Tavernier : Coup de torchon) pour apprécier ce livre.
La preuve, je ne l’ai pas lu non plus…
La première partie de l’oeuvre est mémorable : sous couvert d’érudition, Jean-Bernard Pouy
trimballe son lecteur entre références littéraires et historiques tous azimuts. Y compris
lorsqu’elles sont fausses !! Car il y a une véritable jubilation de l’auteur à nous en mettre plein
la vue, quitte à tout inventer. Et bien malin celui qui peut démêler l’authentique de la
fumisterie.
La seconde moitié, elle, est en revanche décevante. La traversée de l’Oklahoma ne se justifie
absolument pas. Au prétexte de vouloir tordre le cou à bien des clichés sur l’Amérique, Pouy
en oublie son propos initial. Il est vraiment regrettable que le libraire n’ait pas résolu l’énigme
dans son échoppe, à sa table de travail, uniquement à travers les livres. Ce voyage outre-
Atlantique n’apporte rien.
Du coup, le dénouement apparaît presque anecdotique et pour tout dire assez fumeux.
Mais je vous engage tout de même à lire ce roman dont certains chapitres sont d’anthologie.

Oui, c'est un bon bouquin, sans être le meilleur de ce Pouy. Il paraît qu'il s'impose des "contraintes" (ici, retrouver les cinq personnages manquants). C'est pas dans l'échoppe du bouquiniste qu'il pouvait les trouver, mais sur le terrain, sans être trop "à cheval" (ceux qui ont lu savent) sur certains passages. Mais y a du bon délire !

Évidemment, il vaut mieux avoir lu le 1275 âmes de Jim Thompson avant. Ça n' enlève rien à la qualité de ce livre, mais la question des 5 âmes manquantes, ou excédentaires, est totalement sans intérêt, sauf celui de mettre en scène un personnage de libraire comme j' aimerais en connaître. Et de faire une excursion aux US qu'on ne trouvera pas à l'agence de voyages du coin. Très bonne lecture

C'est un bouquin de JBP que je n'ai pas aimé, je l'ai trouvé sans intérêt. A noter que Pouy n'est jamais allé aux USA, en tous cas, pas au moment où il a écrit ça.
Ne pas lire Thompson lorsqu'on aime le Noir est une faute de goût. Mais ça se soigne. En lisant Thompson.

S'imposer des contraintes, c'est intéressant au niveau du travail mais ça ne fait pas forcément un bon livre.

Tu as raison, moi je m'impose de ne taper qu'avec un doigt.

Lequel ? à moins que tu changes à chaque paragraphe ?

Le petit orteil

C'était donc ça... l'oeuvre de Colize s'éclaire sous un jour nouveau