Eric Maneval - Retour à la nuit
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Elisa Vix
Paul Colize
André Toutou
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Eric Maneval - Retour à la nuit
Encore un livre d'un ancien du Forum Polarnoir (connu sous le nom de Gropl puis chez Polar d'eux sous le nom du Drone) et encore une fois je suis bluffé par la qualité de ce que je viens de lire.
Là, il est question d'Antoine, veilleur de nuit dans un foyer d'adolescents perturbés, homme stable en apparence, mais que son passé va bientôt rattraper.
Eric Maneval nous livre un roman bref (120 pages), intense, dans lequel la tension monte inexorablement au fil des pages pour atteindre son paroxisme dans un dernier chapître vif, haletant, brutal.
Et surtout au dénouement inattendu.
Eric Maneval affiche une maîtrise surprenante dans la construction de son récit et l'on se demande sans cesse où il va nous emmener. Autour d'Antoine, le narrateur, évoluent plusieurs personnages qui sont plus que des silhouettes - Ouria l'adolescente trop curieuse, Gaétan le frimeur complexé, Mina la médium, Romero le journaliste - grace à la vérité des dialogues.
Ma comparaison va peut-être sembler excessive mais elle est sincère : on vante à droite à gauche "Seul le Silence" d'Ellory, roman qui traite de la marque indélébile que le passé imprime sur l'esprit de chacun. Or, aucun déséquilibre n'est perceptible dans le discours (monocorde) de Joseph, héros finalement très cartésien. Et cela n'est pas normal. Et en cela le roman est raté. Eh bien, ce déséquilbre, Eric Maneval (et l'on sent là l'expérience de l'éducateur qu'il est) a su le mettre en exergue et d'une manière bien subtile. Laquelle ? Je n'en dirais pas plus. A vous de lire ce livre, il en vaut la peine.
(Au passage, il convient de signaler la qualité du travail fourni par Ecorce, jeune maison d'éditions dirigée par Cyril - décidémment - : le bouquin est de toute beauté)
Là, il est question d'Antoine, veilleur de nuit dans un foyer d'adolescents perturbés, homme stable en apparence, mais que son passé va bientôt rattraper.
Eric Maneval nous livre un roman bref (120 pages), intense, dans lequel la tension monte inexorablement au fil des pages pour atteindre son paroxisme dans un dernier chapître vif, haletant, brutal.
Et surtout au dénouement inattendu.
Eric Maneval affiche une maîtrise surprenante dans la construction de son récit et l'on se demande sans cesse où il va nous emmener. Autour d'Antoine, le narrateur, évoluent plusieurs personnages qui sont plus que des silhouettes - Ouria l'adolescente trop curieuse, Gaétan le frimeur complexé, Mina la médium, Romero le journaliste - grace à la vérité des dialogues.
Ma comparaison va peut-être sembler excessive mais elle est sincère : on vante à droite à gauche "Seul le Silence" d'Ellory, roman qui traite de la marque indélébile que le passé imprime sur l'esprit de chacun. Or, aucun déséquilibre n'est perceptible dans le discours (monocorde) de Joseph, héros finalement très cartésien. Et cela n'est pas normal. Et en cela le roman est raté. Eh bien, ce déséquilbre, Eric Maneval (et l'on sent là l'expérience de l'éducateur qu'il est) a su le mettre en exergue et d'une manière bien subtile. Laquelle ? Je n'en dirais pas plus. A vous de lire ce livre, il en vaut la peine.
(Au passage, il convient de signaler la qualité du travail fourni par Ecorce, jeune maison d'éditions dirigée par Cyril - décidémment - : le bouquin est de toute beauté)
Dernière édition par André Toutou le Dim 29 Nov - 23:01, édité 2 fois
André Toutou- Paragraphe
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Il est dans ma pile. Je vais l'avancer de deux places.
Paul Colize- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
André Toutou a écrit:on vante à droite à gauche "Seul le Silence" d'Ellory, roman qui traite de la marque indélébile que le passé imprime sur l'esprit de chacun. Or, aucun déséquilibre n'est perceptible dans le discours (monocorde) de Joseph, héros finalement très cartésien. Et cela n'est pas normal.
Si, c'est normal, parce que le personnage raconte son histoire à un moment arrêté et ne la raconte pas en suivant le fil des événements.
Paul Colize- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Lu d'une traite. C'est court (le roman) mais c'est bon signe !
Dans Retour à la nuit, Eric installe avec brio un climat inquiétant et se joue des codes du roman à serial-killer. L'intervention (plutôt casse-gueule) d'une méduim se révèle très réussie.
On s'attache à Antoine, le veilleur de nuit, personnage profondément humain, Ouria et tous les enfants perturbés du centre.
Le dénouement est glaçant.
Dans Retour à la nuit, Eric installe avec brio un climat inquiétant et se joue des codes du roman à serial-killer. L'intervention (plutôt casse-gueule) d'une méduim se révèle très réussie.
On s'attache à Antoine, le veilleur de nuit, personnage profondément humain, Ouria et tous les enfants perturbés du centre.
Le dénouement est glaçant.
Elisa Vix- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Une belle réussite.
J’avais, en son temps, assister au démarrage de ce texte sur un ancien forum. Déjà, à ce moment, j’en avais dit tout le bien que j’en pensais. Aujourd’hui, il me tient à cœur d’en rajouter une couche.
Ce que j’apprécie dans ce roman, c’est que l’auteur ne nous impose pas un personnage pathétique et ne nous demande pas de pleurer sur son triste sort. Il décrit des faits, des gestes, des comportements, il rapporte des paroles. C’est là que se trouve l’efficacité du récit. Au lecteur à en faire ce qu’il voudra. Pour ma part, l’identification au personnage d’Antoine a été immédiate.
La progression est impeccable et implacable. Le ton est juste, l’écriture précise. Le texte ne s’embarrasse pas de fioritures ou de digressions. C’est sans doute une qualité, mais au final, ça donne un texte (trop) court, qui mériterait une centaine de pages supplémentaires. Quelques explorations dans les chemins de traverse auraient permis de respirer, de mieux s’imprégner de l’ambiance et des personnages. C’est un choix, l’auteur ne nous livre que la substantifique moelle de la trame.
Un bémol (très personnel), l’apparition d’un énième tueur en série, un de plus, un de trop, et une fin bien torchée mais improbable.
Coup de chapeau au passage pour l’éditeur qui démarre sa collection par un texte fort, qui sort de la routine et des tartes à la crème sanguinolentes.
J’avais, en son temps, assister au démarrage de ce texte sur un ancien forum. Déjà, à ce moment, j’en avais dit tout le bien que j’en pensais. Aujourd’hui, il me tient à cœur d’en rajouter une couche.
Ce que j’apprécie dans ce roman, c’est que l’auteur ne nous impose pas un personnage pathétique et ne nous demande pas de pleurer sur son triste sort. Il décrit des faits, des gestes, des comportements, il rapporte des paroles. C’est là que se trouve l’efficacité du récit. Au lecteur à en faire ce qu’il voudra. Pour ma part, l’identification au personnage d’Antoine a été immédiate.
La progression est impeccable et implacable. Le ton est juste, l’écriture précise. Le texte ne s’embarrasse pas de fioritures ou de digressions. C’est sans doute une qualité, mais au final, ça donne un texte (trop) court, qui mériterait une centaine de pages supplémentaires. Quelques explorations dans les chemins de traverse auraient permis de respirer, de mieux s’imprégner de l’ambiance et des personnages. C’est un choix, l’auteur ne nous livre que la substantifique moelle de la trame.
Un bémol (très personnel), l’apparition d’un énième tueur en série, un de plus, un de trop, et une fin bien torchée mais improbable.
Coup de chapeau au passage pour l’éditeur qui démarre sa collection par un texte fort, qui sort de la routine et des tartes à la crème sanguinolentes.
Paul Colize- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Merci pour le commentaire.
C'est en effet un choix, pas forcement le plus pertinent, de faire un texte "irrespirable", de comprimer les choses en supputant qu'elles se relacheront après lecture. Chaque fois que j'ai essayé de rallonger le texte, je le raccourcissais.
C'est en effet un choix, pas forcement le plus pertinent, de faire un texte "irrespirable", de comprimer les choses en supputant qu'elles se relacheront après lecture. Chaque fois que j'ai essayé de rallonger le texte, je le raccourcissais.
Le drone- Phrase
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Ce qui tue le tueur en série dans la littérature polardeuse, c'est l'abondance de mauvais tueurs en série. C'est un principe assez simple à mettre en oeuvre, qui fonctionne sur la répétition et la méthode. Les exemples ne manquent pas dans la réalité, on s'en inspire. Ça n'empêche pas les tueurs en série d'exister, d'ailleurs. Je trouverais déplorable qu'ils disparaissent de la littérature, mais c'est vrai qu'il y en a beaucoup et qu'on en abuse.Paul Colize a écrit:
Un bémol (très personnel), l’apparition d’un énième tueur en série, un de plus, un de trop, et une fin bien torchée mais improbable.
Ce que je remarque, c'est la persistance d'une "mode" qui consiste à ne plus pouvoir supporter les tueurs en série dans les polars. Qu'on se le dise : les tueurs en série, c'est récurrent, il ne faut plus en mettre dans les romans, ils doivent disparaître.
...
Beaucoup d'autres récurrences devraient alors disparaître, si on va par là. D'autres schémas dont on a largement abusé, y compris pour en faire des torchons.
Simple avis personnel.
Cyril Herry- Phrase
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Cyril Herry a écrit:
Ce que je remarque, c'est la persistance d'une "mode" qui consiste à ne plus pouvoir supporter les tueurs en série dans les polars. Qu'on se le dise : les tueurs en série, c'est récurrent, il ne faut plus en mettre dans les romans, ils doivent disparaître.
Ce n'est pas une mode, c'est un ras-le-bol. Il y a plus de tueurs en série dans la littérature polardeuse que dans la réalité. Le filon est épuisé. On a tout dit. Tout écrit, tout décrit. Il est temps de passer à une autre tarte à la crème. Tiens, le polar écolo, c'est dans l'air du temps.
Au fait, merci Cyril pour avoir mis un éclairage de Noël dans le bandeau.
Paul Colize- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
T'as vu ça comme c'est joyeux ?
Bon, là j'étudie un père Noël qui surgira de cette ruelle avec deux flingues le soir du 24. C'est pas évident. Je veux des chouettes reflets multicolores sur les canons, et tout et tout. Ce sera un serial père Noël.
Admettons pour les tueurs en série usés de chez usés.
Mais à ce moment-là, beaucoup d'autres codes propres au polar sont également usés de chez usés. C'est ce que je voulais dire.
La trame est récurrente : un tueur, des victimes, un flic qui enquête (sa femme l'a quittéet il boit du Perrier). Le nombre de polars qui fonctionnent sur ce principe...
Notre époque et ses caractéristiques offrent pourtant d'autres possibilités.
Bon, là j'étudie un père Noël qui surgira de cette ruelle avec deux flingues le soir du 24. C'est pas évident. Je veux des chouettes reflets multicolores sur les canons, et tout et tout. Ce sera un serial père Noël.
Admettons pour les tueurs en série usés de chez usés.
Mais à ce moment-là, beaucoup d'autres codes propres au polar sont également usés de chez usés. C'est ce que je voulais dire.
La trame est récurrente : un tueur, des victimes, un flic qui enquête (sa femme l'a quitté
Notre époque et ses caractéristiques offrent pourtant d'autres possibilités.
Cyril Herry- Phrase
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Cyril Herry a écrit:Notre époque et ses caractéristiques offrent pourtant d'autres possibilités.
Oui, tu as raison. C'est que j'attends, un polar qui sort du lot par son originalité. Le dernier en date : Robe de marié, chroniqué en ces murs.
Paul Colize- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Ta chronique de ce roman m'a précisément intrigué.
Cyril Herry- Phrase
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
C'est un roman sans "effets spéciaux". Tu devrais aimer.
Paul Colize- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Je le tiens. Je ne sais pas quand je le lirai, mais je le tiens.
Cyril Herry- Phrase
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Lu dans l'après-midi. J'ai toujours connu Gropl dans des textes ultra-courts. Ainsi donc, la briéveté du roman ne m'a pas dérangé. Même si, effectivement, on aurait pu concevoir une version plus longue.
Je lis Gropl depuis des années. Je n'ai donc pas été surpris par son style incisif, ses phrases tranchantes, ses effets mordants, son humanisme à fleur de peau. Pas plus que par sa parfaite documentation, laquelle sent le vécu. Je l'ai été en revanche (surpris) par le roman en lui-même et l'ambiance qu'il crée. En bref, je ne le classerais pas dans le "noir", et pas dans le polar. Plutôt dans le roman d'épouvante, ou d'angoisse. En fait, je l'imaginerais bien dans la vieille collection "Angoisse", du Fleuve Noir, dont je collectionne les bouquins comme autant de pépites.
Enfin, je dois avouer que je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la fin, mais ça m'arrive fréquemment quand je lis Gropl.
Je lis Gropl depuis des années. Je n'ai donc pas été surpris par son style incisif, ses phrases tranchantes, ses effets mordants, son humanisme à fleur de peau. Pas plus que par sa parfaite documentation, laquelle sent le vécu. Je l'ai été en revanche (surpris) par le roman en lui-même et l'ambiance qu'il crée. En bref, je ne le classerais pas dans le "noir", et pas dans le polar. Plutôt dans le roman d'épouvante, ou d'angoisse. En fait, je l'imaginerais bien dans la vieille collection "Angoisse", du Fleuve Noir, dont je collectionne les bouquins comme autant de pépites.
Enfin, je dois avouer que je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la fin, mais ça m'arrive fréquemment quand je lis Gropl.
Manuel Ruiz- Pitch
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
idem pour moi Manuel, c'est peut être pas négatif du coup, c'est pas mal quand les auteurs laissent un peu de marge à l'imagination...
fandepolar- feuille blanche
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
C'est une fin ouverte.
Manuel, que n'as tu pas compris?
Manuel, que n'as tu pas compris?
Le drone- Phrase
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
La fin est suggérée, mais assez compréhensible, il me semble, (J'avoue, ça m'a quand même pris quelques minutes de reflexion), elle éclaire l'affection d'Antoine pour Ouria et les jeunes mal dans leur peau.
Elisa Vix- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Je suis pour les fins ouvertes, il faut que le lecteur travaille un peu aussi.
De plus,
De plus,
Paul Colize- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Ah, c'était de l'humour. J'pouvais pas deviner aussi...
Elisa Vix- Synopsis
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
J'avoue que je ne comprend pas moi même exactement tout ce que j'écris.
Le drone- Phrase
Re: Eric Maneval - Retour à la nuit
Le drone a écrit:J'avoue que je ne comprend pas moi même exactement tout ce que j'écris.
Même ça je comprends pas.
C'est pour ça que je demande à Manuel. j'ai deja eu plusieurs autres versions de mon livre.
Le drone- Phrase
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