texte 4 : sans titre
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Isabelle Corlier
Nikos
Paul Colize
SpécialeKa
8 participants
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texte 4 : sans titre
Le bandeau claquait au vent.
Un bandeau rouge. Rouge sang.
Normal, pour une scène de crime. Sur ce bandeau se répétait toujours le même message en lettres majuscules :
POLICE LINE DO NOT CROSS, UNE FOIS
Le meurtre avait eu lieu en Belgique.
Le cadavre gisait dans un lieu sans intérêt : un terrain vague minable, à la végétation pelée et miteuse derrière un entrepôt quelconque, sous un ciel si bas qu’un canal s’est pendu, le con. Pour résumer, disons que c’était dans une morne plaine.
Le lieutenant Hervé Villesard s’approcha du périmètre et passa sous le bandeau rouge. Hervé Villesard, en plus d’être une subtile contrepèterie, était un bon flic, aguerri aux spectacles les plus atroces. Mais malgré sa longue expérience, il ne put réprimer une grimace.
Il s’approcha de son collègue, le lieutenant Thierry Herry, et lui demanda :
– C’est qui, le grand con en bleu ?
– Paul Colize. Un écrivain. Des romans policiers.
Ça commençait mal. Il détestait les écrivains.
– L’origine de la mort ?
– Une balle en plein cœur.
– Et les blessures ? La mise en scène ?
– D’après le légiste, ça lui a été infligé post mortem.
– Mmmh… Valait mieux pour lui, remarque. Pauvre gars…
De fait (on était en Belgique…), le cadavre du romancier avait été retrouvé dans une position des plus humiliantes.
Deux rondelles de citron lui avaient été posées sur les yeux, et sa bouche se retroussait en un rictus grimaçant. Le cadavre ressemblait à celui d’un clown grotesque.
– Mais ce n’est pas tout, regardez…
Il fit signe à deux techniciens de retourner le corps pour le placer sur le ventre. Hervé Villesard sentit un flot de bile lui envahir la bouche. Le pantalon de la victime était abaissé et une bouteille de Perrier lui avait été enfoncée aux trois quarts dans le rectum.
Magnum, la bouteille.
– Mon Dieu ! Quel monstre a bien pu commettre un tel acte ? (Il était conscient que cette dernière phrase était clicheteuse à souhait, mais il était ravi de pouvoir enfin la sortir.)
– On a une piste, lieutenant ! Grâce à un témoignage fort opportun et que les 3000 signes imposés pour cette nouvelle nous empêchent d’expliquer, on sait que Paul Colize avait une double vie. Dans le civil il se faisait appeler Georges Capouillez et proposait ses services comme coach littéraire. C’est peut-être la vengeance d’un auteur mécontent d’avoir été placé chez un éditeur qui publie tous ses titres avec des bandeaux rouges ? Tenez, on a retrouvé une de ses cartes de visite.
Hervé Villesard rendit la carte et consulta son palm : putain ! Plus que 800 signes !! Fallait conclure, et vite !
– Des suspects ?
– Oui, quatre auteurs qui figuraient dans le répertoire de Colize : une Belge avec un chapeau de cow-boy derrière un gros camion et qui ne s’exprime qu’en phrases courtes et sans subordonnées, un prof de philo qui ne sort que des mots que personne ne connaît – vous saviez ce que c’était qu’une « recension », vous ? -, une petite brune à lunettes qui fantasme sur les auteurs pleins d’avenir en veste de cuir, et un jeune gars au visage poupin qui se balade avec un poulpe dans une poussette…
– OK, vous m’embarquez tout ce beau monde et vous me le bouclez en salle d’interrogatoire. Je me donne deux heures maximum pour faire avouer le coupable.
Il sortit son portable et composa un numéro.
Comme s’il lisait dans ses pensées, le lieutenant Herry blêmit et murmura d’une voix sourde où l’angoisse le disputait à l’effroi (merde, c’est chiément chié quand je veux écrire, tout de même…) :
– Lieutenant, non !... Vous n’allez tout de même pas appeler…
– Si, soupira Villesard, c’est la seule solution. J’appelle le lieutenant Novisad. Il va leur lire des extraits de son dernier essai : Problématique de la pensée autonomiste chez les gauchos anarchistes de la pampa intérieure par temps humide. Je vous promets qu’avec ça, ils m’avoueront jusqu’au nom du meurtrier de Kennedy.
In petto, Thierry Herry se promit que le soir même, il enverrait un long courrier anonyme à Amnesty International. Les conditions de détention en Belgique bafouaient par trop la Convention de Genève.
Un bandeau rouge. Rouge sang.
Normal, pour une scène de crime. Sur ce bandeau se répétait toujours le même message en lettres majuscules :
POLICE LINE DO NOT CROSS, UNE FOIS
Le meurtre avait eu lieu en Belgique.
Le cadavre gisait dans un lieu sans intérêt : un terrain vague minable, à la végétation pelée et miteuse derrière un entrepôt quelconque, sous un ciel si bas qu’un canal s’est pendu, le con. Pour résumer, disons que c’était dans une morne plaine.
Le lieutenant Hervé Villesard s’approcha du périmètre et passa sous le bandeau rouge. Hervé Villesard, en plus d’être une subtile contrepèterie, était un bon flic, aguerri aux spectacles les plus atroces. Mais malgré sa longue expérience, il ne put réprimer une grimace.
Il s’approcha de son collègue, le lieutenant Thierry Herry, et lui demanda :
– C’est qui, le grand con en bleu ?
– Paul Colize. Un écrivain. Des romans policiers.
Ça commençait mal. Il détestait les écrivains.
– L’origine de la mort ?
– Une balle en plein cœur.
– Et les blessures ? La mise en scène ?
– D’après le légiste, ça lui a été infligé post mortem.
– Mmmh… Valait mieux pour lui, remarque. Pauvre gars…
De fait (on était en Belgique…), le cadavre du romancier avait été retrouvé dans une position des plus humiliantes.
Deux rondelles de citron lui avaient été posées sur les yeux, et sa bouche se retroussait en un rictus grimaçant. Le cadavre ressemblait à celui d’un clown grotesque.
– Mais ce n’est pas tout, regardez…
Il fit signe à deux techniciens de retourner le corps pour le placer sur le ventre. Hervé Villesard sentit un flot de bile lui envahir la bouche. Le pantalon de la victime était abaissé et une bouteille de Perrier lui avait été enfoncée aux trois quarts dans le rectum.
Magnum, la bouteille.
– Mon Dieu ! Quel monstre a bien pu commettre un tel acte ? (Il était conscient que cette dernière phrase était clicheteuse à souhait, mais il était ravi de pouvoir enfin la sortir.)
– On a une piste, lieutenant ! Grâce à un témoignage fort opportun et que les 3000 signes imposés pour cette nouvelle nous empêchent d’expliquer, on sait que Paul Colize avait une double vie. Dans le civil il se faisait appeler Georges Capouillez et proposait ses services comme coach littéraire. C’est peut-être la vengeance d’un auteur mécontent d’avoir été placé chez un éditeur qui publie tous ses titres avec des bandeaux rouges ? Tenez, on a retrouvé une de ses cartes de visite.
« GEORGEZ CAPOUILLEZ – COACH LITTÉRAIRE
Avec moi, pas de surprises, je vous trouve un éditeur en moins de trois mois, même si votre manuscrit est très mauvais.
Possibilité de corrections, relectures, et conseils pour placer une fellation avant le troisième chapitre. »
Avec moi, pas de surprises, je vous trouve un éditeur en moins de trois mois, même si votre manuscrit est très mauvais.
Possibilité de corrections, relectures, et conseils pour placer une fellation avant le troisième chapitre. »
Hervé Villesard rendit la carte et consulta son palm : putain ! Plus que 800 signes !! Fallait conclure, et vite !
– Des suspects ?
– Oui, quatre auteurs qui figuraient dans le répertoire de Colize : une Belge avec un chapeau de cow-boy derrière un gros camion et qui ne s’exprime qu’en phrases courtes et sans subordonnées, un prof de philo qui ne sort que des mots que personne ne connaît – vous saviez ce que c’était qu’une « recension », vous ? -, une petite brune à lunettes qui fantasme sur les auteurs pleins d’avenir en veste de cuir, et un jeune gars au visage poupin qui se balade avec un poulpe dans une poussette…
– OK, vous m’embarquez tout ce beau monde et vous me le bouclez en salle d’interrogatoire. Je me donne deux heures maximum pour faire avouer le coupable.
Il sortit son portable et composa un numéro.
Comme s’il lisait dans ses pensées, le lieutenant Herry blêmit et murmura d’une voix sourde où l’angoisse le disputait à l’effroi (merde, c’est chiément chié quand je veux écrire, tout de même…) :
– Lieutenant, non !... Vous n’allez tout de même pas appeler…
– Si, soupira Villesard, c’est la seule solution. J’appelle le lieutenant Novisad. Il va leur lire des extraits de son dernier essai : Problématique de la pensée autonomiste chez les gauchos anarchistes de la pampa intérieure par temps humide. Je vous promets qu’avec ça, ils m’avoueront jusqu’au nom du meurtrier de Kennedy.
In petto, Thierry Herry se promit que le soir même, il enverrait un long courrier anonyme à Amnesty International. Les conditions de détention en Belgique bafouaient par trop la Convention de Genève.
Dernière édition par SpécialeKa le Jeu 30 Avr - 0:17, édité 1 fois
SpécialeKa- Paragraphe
Re: texte 4 : sans titre
Moooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooort de rire !!!!!!!!
Bravo !!
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooort de rire !!!!!!!!
Bravo !!
Paul Colize- Synopsis
Re: texte 4 : sans titre
J'ai bien fait de passer. Pétillant à souhait, à s'en fendre la rondelle
Florent- Paragraphe
Re: texte 4 : sans titre
C'était qui les auteurs alors pour finir ? Où est-ce qu'elle est Spéciale ? Hein ?
André Toutou- Paragraphe
Re: texte 4 : sans titre
Très amusant tous ces clins d'oeil ou chacun peut se reconnaître.
Bravo !!!!
Mais de qui donc est ce texte ?
Bravo !!!!
Mais de qui donc est ce texte ?
Anne- Phrase
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