Maxime Chattam : Maléfices

Bon. Maxime Chattam, jeune romancier qui dame le pion aux Ricains sur leur terrain, naninanère, beau gosse maître-du-suspense-à-couper-le-souffle-du-sang-qui-se-glace-jusqu’au-bout-de-la-nuit, naninanère… Merci au marketing de Michel Laffon de formater ainsi nos attentes de lecture.
Mais ça donne quoi, vraiment, un Maxime Chattam quand on essaye de le lire sans a priori ? Éléments de réponse avec Maléfices, troisième tome d’une trilogie de 1800 pages écrite en quatre ans (non, non ! Aucun implicite là-dedans…).
L’intrigue : un serial killer de Portland se prend pour une araignée géante, balance des dizaines de veuves noires et autres mygales dans les foyers afin de semer la psychose, kidnappe de jolies jeunes femmes, les vide leur substance et les abandonne dans des cocons géants de toile d’araignée.
On y croit, hein ?
Rigolez pas, c’est encore ce qu’il y a de plus réussi dans ce thriller ! Maxime Chattam est un malin. Il joue avec des thèmes universels, avec nos peurs primales. Et ça fonctionne plutôt pas mal. Chapitres courts, nerveux, efficaces. Maxime Chattam est un très bon page turner. Reconnaissons-lui cette qualité. Même si le dénouement est une caricature en terme de coupable gigogne (six suspects successifs avant d’arriver au bon, merci bien !...).
Les personnages : monolithiques, monochromes, monosaveur, monosentiments,… monochiants, quoi ! Rien de neuf sous le soleil d’Edgecombe. Des caricatures déjà vues des dizaines de fois, on passe vite.
Ce qui devient intéressant, c’est quand Chattam se pique de leur écrire des dialogues philosophiques. Imaginez deux détectives sous le choc après la découverte du cadavre ( ?) du personnage principal, et qui entonnent le grand air des considérations sur le Mal, dignes du journal intime d’Alexandre Jardin adolescent…
« - Sommes-nous aveugles et hypocrites pour oublier que l’essence même de ce que nous sommes tous est bestiale ? Manger, dormir, se reproduire… et tuer pour survivre, s’il le faut. Pour protéger ses petits. L’aurait-on oublié ? La société nous a appris à cacher cet aspect primaire sous des couches de vernis, mais au fond, tout au fond, nous sommes encore ces mêmes bêtes, comme toutes celles qui arpentent cette foutue planète, peut-être que ce qui nous différencie d’elles, c’est notre capacité à nous fabriquer ces vernis. »
Non, franchement, là, j’aurais plutôt vu un bon vieux « Make my day, punk ! »
Quant au style, je vous le gardais pour la fin. Passons sur les scènes d’action, très correctes. Malheureusement, Chattam se croit obligé, dès qu’il aborde une description, de tomber dans un excès de lyrisme à pleurer de rire ou de honte, et nous balance des métaphores de collégienne à la truelle. Même au plus fort de ma verve critique, je n’arriverais pas à vous rendre le ridicule de cette emphase de pacotille. Le plus simple est encore que je vous en recopie quelques extraits.
« La nuit gîtait sur le flanc, balayée sans ménagements par les vagues de l’aube. L’écume lumineuse s’étalait sur le ciel, noyant les étoiles les unes après les autres. Il ne restait plus que la lune, tel un coquillage affleurant la surface, trop rond pour donner pris aux courants sidéraux. « (Aucune métaphore n’a été maltraitée durant le tournage de cette scène… )
Ou encore : « Le jour lança son avant-garde dans la traîne étoilée de l’est, soufflant son aube blanchâtre sur les firmaments, avant de délier les nœuds qui retenaient la nuit sur la ville. » (Phrase réalisée sans trucages…)
Chié, non ? Si vous aimez, il y en a encore dix caisses dans la bouquin.
Conclusion : Maxime Chattam est au polar ce que la série Z est au cinéma. Un genre en soi, rempli de clichés et de stéréotypes, qu’on lit quand même en sachant ce qui nous attend et dont on se dit toujours après coup que non, vraiment, on aurait mieux fait de consacrer notre temps à autre chose.

Tu as raison, Maxou. Cette "trilogie du mal" qui a fait le succès de Maxime Chattam, c'est beau comme du Marc Lévy ! Copie des clichés made in USA, style lourdingue, situations pas crédibles deux secondes, et promo à gogo (c'est le mot) pour notre génie français ! Plutôt que de lire ce genre de best-SELLERS je préfère revoir un film avec Peter SELLERS (gag moyen, mais tu l'avais trouvé, toi ?)

Max...tu vas te faire virer par les adorateurs de Chattam!....et là tu lui fais une pub monstre car les quelques qui ne le lisent pas( et y'en a ) vont vouloir vérifier... Et vlan..c'est reparti pour un tirage!...:-)

Bah, je prends le risque ! ;-) Et je ne crois pas, hélas, que Chattam ait besoin de moi pour ses tirages (par contre, l'inverse, je dis pas...).

Il fallait bien que j'en lise au moins un pour me faire une idée. Ben c'est fait. Promis, bientôt, une fiche sur un livre que j'ai aimé (si, si, ça arrive !).

Ce n'est pas pour défendre Maxime Chattam, il n'a pas besoin de moi, mais si on prend comme échelle de réussite la popularité, c'est quand même lui qui fait le plus de tirages...
Alors, on se pose obligatoirement la question, peut etre que c'est ce que les lecteurs recherchent. Et si on va plus loin, peut etre que Chattam ecrit de la sorte pour justement répondre à un besoin, celui du client, pardon du lecteur.
Pour ma part, avant de rentrer dans le monde du polar, j'ai vraiment aimé la trilogie de Chattam. Mais je ne lisais pas que ca à l'époque. Ludlum, Grangé, Crichton... Donc je comprends qu'un lecteur normal qui entre dans une librairie se dirige naturellement vers ce que lui croit etre une valeur sûr. Un livre de Maxime Chattam.
(Maxime, n'oublie pas de me donner tes redoutables secrets de promo en MP)

[quote="Sebastian Charles"]Ce n'est pas pour défendre Maxime Chattam, il n'a pas besoin de moi, mais si on prend comme échelle de réussite la popularité, c'est quand même lui qui fait le plus de tirages...
Alors, on se pose obligatoirement la question, peut etre que c'est ce que les lecteurs recherchent. Et si on va plus loin, peut etre que Chattam ecrit de la sorte pour justement répondre à un besoin, celui du client, pardon du lecteur.quote]

Question tirages, Frank Thilliez surclasse actuellement Chattam, selon les chiffres affichés, mais c'est un détail... Je remarque ta deuxième phrase. Tu vois bien que tu n'es pas tellement dupe du "clientélisme" de Chattam (et de Grangé). Cela dit, hormis cette pitoyable "TRilogie du mal" que tu as adoré, Chattam s'est amélioré ensuite, faut admettre...

Sébastian a écrit:
Donc je comprends qu'un lecteur normal qui entre dans une librairie se dirige naturellement vers ce que lui croit etre une valeur sûr.

je signe régulièrement en grandes surfaces....je vois comment réagit le lecteur indécis, ou celui qui veut lire " quelque chose"^sans avoir précisemment de qui, ou offrir un livre.
Vu le prix des romans, pas question de se tromper, ce genre de truc n'est ni repris ni échangé, donc, viser a coup sûr....
Il rentre et jette un regard circulaire, FFFF!...y'en a tant que ça!...le regard est découragé à l'avance. "On" l'embarrasse!... Son champ de vision se précise, il vous aperçoit: donc déjà...pas venir découvrir la p'tite qui a l'air de se morfondre et ferait tout pour "vendre" un de ces romans. Ce que je ne fais absolument jamais, j'ai plus ***d'orgueil que çà, je ne mendigote pas, et vu ce que je gagne sur un roman..et puis moi je ne vends pas mes romans, c'est le libraire et mon éditeur, moi, je signe.....je ne suis pas a un euro cinquante près( ! ! ! !..faut avoir le courage de ses moyens! :-)
)mais j'aime présenter mon roman et je ne me vexe pas si le lecteur me remercie et repart sans lui. je fais de même.
Alors, ce lecteur veut faire plaisir, et OUF! voila la gondole de service qui lui sert sur un plateau" ce qui se fait de mieuxc "en littérarure du moment". C'est déjà une garantie...oui, ce nom, ce mec il en a entendu parler...Il approche, regarde de loin, de près, le prend en main, admire la couverture( ben oui! il y en a de belles....), le soupèse...hou, y'en a gros à lire..."il va être content" on en a pour ses sous là....lit la quatrième de couv"...même s'il ne"voit" pas ou l'auteur veut en arriver, si "on en parle c'est forcément bon"...et hop! dans le panier...
Oui, il y a des secrets dans la promotion d'un livre...alors si en plus l'auteur est connu...

*** je reviens sur le mot orgueil que j'ai écrit. Non, ce n'est pas de l'orgueil...plutôt de l'amour propre.

Sebastian Charles a écrit:
(Maxime, n'oublie pas de me donner tes redoutables secrets de promo en MP)

Euh, si j'avais des redoutables secrets de promo, je serais pas en train de déblatérer sur Chattam, mais plutôt en train de boire une chope avec lui en reniant tout ce que je viens d'écrire ! ;-))

Alors, ce lecteur veut faire plaisir, et OUF! voila la gondole de service qui lui sert sur un plateau" ce qui se fait de mieuxc "en littérarure du moment". C'est déjà une garantie...oui, ce nom, ce mec il en a entendu parler...Il approche, regarde de loin, de près, le prend en main, admire la couverture( ben oui! il y en a de belles....), le soupèse...hou, y'en a gros à lire..."il va être content" on en a pour ses sous là....lit la quatrième de couv"...même s'il ne"voit" pas ou l'auteur veut en arriver, si "on

Probablement vachement vrai tout ça ; bon du vécu l'est toujours.....

En tout cas, chapeau bas Mdame ......d'oser aller se frotter aux gondoles....

Entre les lecteurs ou lectrices qui sont plein de certitudes, les auteurs qui ne manque pas une occasion de ramener la couverture vers eux et de pouvoir placer du "moi je". Franchement j'en ai ras le bol.

Sur un coup de tête, c'est vrai, je décide de tirer ma révérence et de partir en cure de désintox internet et de me replonger dans mon univers, celui de l'écriture de mes bouquins.

Pour les amis, vous pouvez toujours me joindre par MP.
bye

Seb'...tu plaisantes ou pas!
Bonne retraite!...

En tout cas, chapeau bas Mdame ......d'oser aller se frotter aux gondoles....

sûrement la frustration de n'être jamais allée a Venise! :-))

Ce matin, j'ai ouvert les yeux. Je me suis levé et je suis allé pisser j'ai ouvert les volets. C'est à ce moment que la phrase m'est revenue :

La nuit gîtait sur le flanc, balayée sans ménagements par les vagues de l’aube. L’écume lumineuse s’étalait sur le ciel, noyant les étoiles les unes après les autres. Il ne restait plus que la lune, tel un coquillage affleurant la surface, trop rond pour donner pris aux courants sidéraux

J'ai versé une larme.

C'est beau.

Merci Max(ime).

Décidément, j'aime ce que tu fais.

Paul Colize a écrit:

Merci Max(ime).

Décidément, j'aime ce que tu fais.

Et qu'est-ce que ce sera quand t'auras lu mes books ! ;-)

Max Gillio a écrit:

Paul Colize a écrit:

Merci Max(ime).

Décidément, j'aime ce que tu fais.

Et qu'est-ce que ce sera quand t'auras lu mes books ! ;-)

C'est là qu'il va déchanter... et retirer sa demande en mariage, à coup sûr ! Ne prends pas de risque Max, Paul est un "bon parti". Ne lui donne rien avant le mariage !!!

C.romans a écrit: Paul est un "bon parti".

Je vois que tu es bien informée. Je leur avais pourtant demandé de rester discrètes.

Ouais, je vais garder ma dot secrète (elle est bonne, celle-là, tiens !)pour quand le contrat sera signé.