texte 2 : FRELE ACTION

Frêle action

Ça fait un bon moment qu’il rôde dans le coin. Pour faire bonne figure, il fait semblant de chercher le nom d’une rue. Vingt-trois ans que je suis dans le métier. Je connais. Ce n’est qu’une question de minutes. De secondes.
Il jette un coup d’œil à gauche, à droite, traverse la rue. Gagné, il se pointe dans ma direction.
D’un coup de talon, je chasse le matou qui s’astique contre mes gambettes et j’écrase ma clope. Je fais frissonner mon brushing et redresse mon fonds de commerce.
Le mec m’aborde d’une voix mielleuse, en contemplant ses pompes.
— Bonsoir, Madame.
— Salut beau blond.
Le beau blond est gris-roux, bouc assorti. Avec sa trogne congestionnée et ses oreilles en chasse-mouches, il semble sortir tout droit des pages d’un Franck Thilliez.
Il se tortille les doigts.
— Voilà, heu, enfin, je voulais savoir…
— La pipe, c’est vingt. Pour le grand frisson, faudra lâcher deux biftons de cinquante.
Je sais, ça manque de poésie.
Au début, je conversais. Je les chauffais un peu. Je vantais la marchandise. Il m’arrivait de négocier. Après vingt-trois ans de bitume et six cents kilomètres de michetons, j’ai arrêté ce genre de mondanités.
Il hésite.
Je me demande si c’est le montant qui le freine ou l’intitulé qu’il va devoir trouver pour sa note de frais.
— En fait, ce n’est pas pour moi.
Ça aussi, je connais. Il a un cousin bègue ou un copain monté comme une baleine qui attend dans la bagnole.
— Pour ton frère, ce sera le même tarif.
Il tente un sourire.
— Ce n’est pas ce que je veux dire. J’effectue un travail de documentation. Je suis écrivain, vous comprenez.
Je comprends.
Il aimerait sa pipe à moitié prix.
— Écrivain ? Tu vas nous pondre une Encyclopédie Illustrée ? Tout sur la buccogénitalité de Eve à Carla. C’est ça ?
Son front s’empourpre.
— J’écris l’adaptation en ch’ti d’un Best-Seller planétaire, Pas de valets dans le Pas-de-Calais.
Je fais passer mon chewing gum dans l’autre joue.
— C’est une histoire d’amour ?
Il trépigne.
— Je vais tout vous avouer, Madame, je suis Max Gillio.
Il a dit ça en bombant le torse, le nabot.
Il est gravé pigeon dans mon lifting ? La pseudo star qui vient signer mon livre d’or, je connais aussi.
Du pouce, j'indique Zoa qui se déhanche sous le réverbère, à ma gauche.
— Max Gillio ? Ben voyons ! Ma copine, là, c’est Elisa Vix, et moi, je suis Paul Colize.

Protégé par copyright

MDR !!!!

J'adore ! Bon, il est évident (?) que ce texte est un leurre. On voudrait nous faire croire qu'il s'agit de Paul Colize alors que de toute évidence, son auteur est Jean-Christophe Gérard.

Je me suis bien poilé en tout cas.

Quoique... Il y a une sensibilité féminine, dans ces lignes. N'est-ce pas, Elisa ?

Féminine version morue comme dirait une certaine Isabelle !
C'est vrai que c'est bien imité et c'est surement quelqu'un qui était à Lens... Cyril ?

En tout cas, c'est une personne au courant des tarifs.

PS : Mon nom aussi est protégé par Copyright. Poursuite à suivre...

C'est Paul qui nous tente un remix d'Audiard.

J'y ai pensé toute la nuit, ça se trouve, c'est un coup diabolique de Max lui-même !

En tout cas, ça ne peut pas être Cyril, y aurait des smileys partout !

Max Gillio a écrit:

Je me suis bien poilé en tout cas.

Je me demande si ton cousin bègue se marre aussi.

Je sais pas, je n'ai pas de cousin bègue. En revanche, j'ai une cousine montée comme une baleine.

Si ce texte n'a pas été écrit par Max, j'arrête de manger des endives au jambon...

Bienvenue chez les végétariens, André !

Oui, mais prudent, je n'ai pas précisé jusqu'à quand...

Si ce texte a été écrit par Max, j'arrête le Perrier-citron

En tout cas, il a été inspiré par la vie trépidante de Max. Donc ma pénitence en endives-jambon sera de courte durée. Et toi, Paul, tu devras boire ton Perrier sans rondelle.

Elisa Vix a écrit:En tout cas, c'est une personne au courant des tarifs.
...

Tiens, à ce propos, une question que je me suis toujours posée : comment les prix ont-ils été arrondis lors du passage à l'Euro ? Si une passe était à, mettons 200 à 400 francs, en fonction des quartiers et de l'âge (par galanterie disons des quartiers, même des bas-quartiers), ça nous fait un compte forcément pas rond.
Alors ?

J'imagine mal les filles rendre la monnaie. A mon avis, il y a du y avoir une sacrée inflation.. Bon, des fois, l'inflation ça a du bon, surtout quand on est nanti.

J'imagine mal les filles rendre la monnaie.

tu veux dire, en liquide ?

Vous savez, y a des filles qui font ça gratuitement. Suffit d'être un peu gentil. De leur offrir un Perrier-citron, par ex. Bon d'accord, c'est pas vraiment gratuit, mais c'est quand même plus économique. Quoique, tout dépend du nombre de Perrier-citron pour conclure....

Et puis bon, juste après un Perrier-citron, ça pique.

Surtout, on a de l'aérophagie.

Elisa Vix a écrit:Vous savez, y a des filles qui font ça gratuitement. Suffit d'être un peu gentil. De leur offrir un Perrier-citron, par ex. Bon d'accord, c'est pas vraiment gratuit, mais c'est quand même plus économique. Quoique, tout dépend du nombre de Perrier-citron pour conclure....

La grande classe étant de se faire, en plus, payer le Perrier-citron par la donzelle.

Prétexter qu'on a perdu son porte-monnaie ? Que tous les distributeurs de Bruxelles sont en panne ou qu'on est interdit banquaire ?
Ah, oui c'est vraiment la grande classe...

Bah, avec tous ces p'tits malins qui trafiquent les cartes à puces... tout ça nous ramène à l'absence de scène de fellation dans le roman de Paul...

Pourtant je trouve que c'est un accord gagnant-gagnant, la femme offre les drinks, l'homme offre son corps.

C'est vrai qu'on peut faire pas mal de choses avec des glaçons.

Ah, enfin la conversation reprend un tour scientifique en accord avec l'approche mathématique - voire cosmique (mais les mathématiques ne sont pas-elles pas une description figurative du cosmos) - mathématique, disais-je, du problème que j'avis abordé plus haut.

Et si tu tombes sur une fille qui parle encore en anciens francs ? Tu imagines le pied ? Une double conversion.