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Souvenir

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Isabelle Corlier
Paul Colize
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Message par Paul Colize Jeu 2 Avr - 22:32

En cherchant dans mes fonds de tiroir pour un recueil numérique pour Krakoën, j'ai retrouvé ceci :

Lexique :

Charles = Sébastian Charles
Le Cafuron = Nogaro
Savvy = Martine
Aramis = Isabelle
Michalon = Stéphane Lefebvre
Sharko = Franck Thilliez
Geof = Geof
Zorro = Paul Colize

2005




La Grand’messe.


J’ai l’impression de jouer dans un film de Fellini.
Les amateurs comprendront.
On est tous là, autour du lit.
Dans le lit, il y a André Toutou.
Ils lui ont passé une camisole de force. Mais, visiblement, ça n’a pas suffi. Ils l’ont, de surcroît, ligoté au plumard. Il nous regarde en roulant des yeux hagards. Avec sa tignasse en queue-de-paon, il me fait penser à l’Indien de Village People. Il ne sait pas qui nous sommes.
Normal.
C’est la première fois qu’il nous voit.
C’est aussi la première fois que je le vois et que je vois les autres. L’imagination, ça joue parfois des tours.
Moi qui espérais rencontrer l’élite montante de la littérature policière du 21èmesiècle.
Tu parles !
Avec la brochette de saisis qui entoure le dément, Grangé n’a pas de souci à se faire pour les deux prochaines décennies.
André fait un effort démesuré pour articuler quelque chose. On se penche religieusement. Un filet de bave serpente sur son menton et s’insinue dans les replis de sa brassière.
— Ba, ba,ba, ba, ba, ba, ba.
L’infirmière se précipite.
— Allez, Toutou, on se calme.
Puis, vers nous.
— Il est très agité, ce matin.
Je prends la parole.
— Qu’est-ce qui lui est arrivé, au juste ?
— C’est son valet,Hogier-le-Danois, qui l’a découvert dans cet état, un matin. Il était figé devant son ordinateur à baldaquin. Il tapait le même mot énigmatique, depuis quelques heures sans doute, il avait déjà rempli 346 pages de Katrvalé-Ehunedam.
Charles intervient.
— C’est comme le type dans Shinning, ça.
Charles.
Je ne dirais pas qu’il est gros, j’ai tissé des liens d’amitié avec lui. Je me contenterai de dire qu’il est impressionnant. Il est chauve comme Fabien Barthez et a le même bouc que Fabien Barthez. À mon avis, il a aussi les mêmes diplômes que Fabien Barthez. Il porte une fausse chemise Lacoste nouée jusqu’au dernier bouton, ce qui est un exploit, vu la dimension de l’encolure. Je sais que c’est une fausse Lacoste, parce que le crocodile est trois fois plus grand que sur les vraies.
Je ne suis pas trop surpris de le découvrir. Simplement, je ne l’imaginais pas avec un anneau dans le nez. Il a son téléphone portable à la ceinture et tient un ridicule yorkshire nain qui fleure
le n°5 de Chanel dans les bras. Pour prouver son sens de l’à-propos, il l’a baptisé Nounours.
Le clebs halète comme la loco dans la Bête Humaine.
— Pauf chouke, donne-lui une fois à boire, Charles !
Vlan !
Ça, c’est Aramis.
La jolie brunette. Comme sur la photo.
Sauf que sur la photo, on ne voit pas qu’elle mesure 2,02 mètre et qu’elle loge la carrure des nageuses est-allemandes des années quatre-vingt. On ne voit pas non plus sur la photo qu’elle est… flic. Et oui. En uniforme, qui plus est. Avec la matraque, le flingue et les menottes qui pendouillent à son ceinturon.
D’un coup d’œil discret, je cherche désespérément les seins triomphants qui bondissent comme des génies échappés de leur jarre.
Rien.
Tout ça me semble plat comme la Flandre Occidentale.
Avec un air de double Zéro.
Côté poumons, c’est plutôt Miss à ras.
J’en viens à me demander si.
Enfin.
Elle a repéré mon manège et me regarde fixement en caressant sa matraque.
Notez, les autres aussi me regardent bizarrement.
Quoi ? Je mesure 1,72 mètre ? Et alors ? Tom Cruise mesure 1,70 mètre. C’est trompeur, les photos. Sharon Stone, par exemple. Vous l’imaginez longue ? Interminable ? Pas du tout. Mettez-la à côté de moi, je n’aurai pas l’air d’un con, elle mesure 1,70 mètre. Et la photo ? Vous me direz ? Sur la photo, c’est moi. D’accord, quand j’avais encore mes cheveux. Mais, on n’a pas dit qu’il fallait mettre une photo récente.
Prenez Le Cafuron, par exemple.
Lui, il n’a pas mis de photo.
Notez, il a bien fait.
Je préfère regarder une ruelle de Marseille.
Chez Le Cafuron, c’est afur qu’il y a en trop. Il me fait penser aux animateurs de mariages dans les banlieues retirées. Les types qui racontent des plaisanteries lourdes comme des porte-avions pour édulcorer le tragique de la situation. Il porte une paire de lunettes épaisse comme des fonds de bouteille.
Il ricane stupidement et tient un almanach Vermot sous le bras. De fait, Michalon se cache contre lui et lâche des pets interminables, pire que Nounours.
André Toutou se tortille subitement.
— Ba, ba, ba, ba, ba.
Je pense qu’il a compris qui nous étions.
L’infirmière éponge son front et son menton.
— Allez, Toutou, calmez-vous, ce sont des amis.
Il se trémousse de plus belle.
Nouvelles Iséroises sort de son mutisme.
— Je pense qu’il eût fallu intercéder avec célérité, le pôvre hère, il pâtit.
Elle est plutôt mignonne. Mais, elle s’est trompée d’avion.
Elle porte un chapeau à la Camilla Parker Bowles. Un jardin botanique complet avec des perroquets au milieu. Elle observe André avec une minuscule paire de jumelles, comme s’il était outsider dans la troisième, à Ascot.
Comme André se met à baver grave, l’infirmière appelle du renfort.
Savvy ! sort du jet lag. Elle était à placoter l’aut’bord, soudain, elle saisit le cou de Toutou.
— Tabernacle ! Dédé, faut qu’tu t’cramponnes, tu piges ?
Avec l’accent, ça donne crimponne.
Elle trimbale des smiley’s plein sa tunique. Un vrai sapin de Noël. Elle me fait penser à Shirley. Ce qui est de circonstance puisque Geof, qui lui tient le bras, me fait penser à Dino.
Polarnoir regarde la scène, immobile devant la porte, impénétrable, l’air absent. C’est lui qui a choisi le lieu de notre première grand’messe.
L’Hôpital de l’Eternité.
Pourquoi ?
Est-ce que je sais, moi !
Le concernant lui, c’est le choc ! La consternation !
Décrire Polarnoir, c’est conjuguer le verbe pendre en noir et jaune. En commençant par ses cheveux. Ils ont été noirs, sans doute, un jour. À présent, ils sont jaunes et pendent lamentablement sur son visage. Ses yeux pendent, son regard pend, et les cernes noirs qu’il a en-dessous des yeux, pendent également. À ses lèvres, une gitane maïs traîne, avec, à son extrémité, un amas de cendres qui menace à tout moment de se répandre sur sa cravate à pois noirs qui pend pitoyablement sur sa chemise jaune clair auréolée de jaune foncé.
En dessous des bras, il s’entend.
Je ne dirais pas que ses dents sont jaunes. Ce serait trop beau ! En guise de sourire hollywoodien, ce sont des chicots noirâtres qui animent son éventail.
Un docteur tout de blanc vêtu surgit dans la pièce. Il se met à genou et fait joujou avec le pouls de Toutou.
Il s’adresse à l’infirmière.
— Mademoiselle Caillou, mettez-le au Pharamol, 50 mg, en intraveineuses.
Il se tourne ensuite vers nous.
Rémy Max intervient.
— Dites, Toubib, faudrait p’têt l’euthanasier, le dédé, ça la foutrait mal qu’il se mette à gerber pendant mon casse-dalle.
Sharko lève la main, il n’a que trois doigts, comme Mickey Mouse. En moins comique. Il est plutôt sinistre, avec sa redingote qui lèche le sol et le vautour qui craquète sur son épaule.
— Pour l’autopsie, je suis preneur.
Le médecin les fusille du regard.
— Que quelqu’un parmi vous tente plutôt de le calmer.
Je m’avance et me penche vers lui.
— Bonjour Toutou, c’est moi, Zorro.
Le médecin me dévisage longuement.
— Vous trouvez ça drôle ?
Je ne comprends pas où il veut en venir.
— Ben, quoi, je suis Zorro, où est le problème ?
Il indique Charles du pouce.
— C’est ça, et le gros, là, avec son Youki, c’est les Beatles, sans doute ?
Charles devient tout rouge.
— Un gros ? Où ça ? Quel gros ?
Il fulmine.
Il attrape le type par son stéthoscope et lui file un coup de boule qui l’envoie au tapis. Le chien se met à hurler dans la même tonalité que Savvy ! Le Cafuron explose de rire. Aramis prend sa
matraque et se met à siffler frénétiquement en faisant tournoyer son bras droit. Michalon se cache sous le plumard et continue de débourrer en rafales. Geof sort un démonte-pneu de je ne sais où.
Nouvelles Iséroises exclame.
— Palsambleu, il faut que l’on faîsasse quelque chose !
L’infirmière actionne le bip, et, trois secondes plus tard, il y a une douzaine de balaises qui entrent dans la pièce.
André se met à beugler.
— Ba, ba,ba, ba, ba, barbe de Yack !
Je sens subitement que quelque chose me pique dans le bras.
Je suis allongé.
Ils m’ont attaché. Ligoté même.
Je jette un regard circulaire. On est tous là. Dans des lits. Camisole et menottes. Un médecin se penche vers moi. Je prends ses tifs poisseux dans le visage.
Il me décoche un sourire obscène.
Son haleine est pestilentielle. Je le reconnais vaguement.
Polarnoir !
Il disserte, dans ma figure.
— T ki, toi ?
Sur sa blouse, je discerne un badge qui indique son nom.
Docteur D. D. Diego.


Dernière édition par Paul Colize le Jeu 2 Avr - 23:05, édité 2 fois
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Message par Isabelle Corlier Jeu 2 Avr - 22:36

Ca, ce sont des grands, très grands souvenirs !
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Message par Elisa Vix Ven 3 Avr - 10:22

Dites donc, vous vous amusiez bien à l'époque ! Et il a encore des amis après ça, le Colize ?
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Message par André Toutou Sam 4 Avr - 11:10

M'a jamais trop amusé ce texte... Sais pas pourquoi. Puisqu'on en est aux vieux dossiers et aux règlements de comptes, vous vous souvenez de ça ?

La vérité sur Zorro

Je sais que la tâche à laquelle j'ai décidé de m'atteler est harassante. Mais qu'importe : elle est salutaire avant tout. Elle permettra aux novices qui échoueront sur les rives parfois saumâtres de ce forum de savoir quelle en fut la genèse. Pour eux, je ferais office de phare afin qu'ils ne s'égarent point et qu'ils sachent quel monstre se cache parfois sous l'avatar.

J'ai évoqué, il y a peu Michalon, suite aux questions de Marieca. Insatiable, celle-ci s'est également étonnée qu'Aramis appelle Zorro : Zorges. Pourquoi Aramis employait ce surnom ? Quelle connotation présente-t-il ? Faut-il y voir une raillerie ? Une allusion complice ? Affectueuse ?

Pour bien comprendre cela, il nous faut encore un fois retourner loin en arrière. Très loin. A l'époque où le Forum ne comportait que peu de membres... La lecture de leurs pseudos pouvait laisser croire que l'on n'avait pas atterri sur un forum de polar mais sur celui des Vêterans de la Classe 57 des Plongeurs à Genoux de Milly sur Thérain. Jugez plutôt : il y avait Charles, Louis, Georges, André et Michalon. Si l'on y ajoute que le Chef m'avait mis pour avatar les 2 vieux du Muppets Show et que la seule femme présente avait choisi Agatha Christie dans ses dernières années, tout cela ne faisait pas Rock n'Roll. Oh certes, j'oublie Zizé et son charmant minois, mais Polarnoir, dont les penchants tyranniques perçaient déjà sous le masque de jeune Webmaster conciliant dont il s'était affublé, nous avait bien fait savoir qu'elle était "chasse-gardée" et que tout rapprochement tenté de ce côté équivaudrait à un bannissement. Les pauvres Diego et François Lambert furent d'ailleurs victimes de cet Othello du Net.

Aussi, quand Aramis pointa sa jolie frimousse, ce fut la folie sur le site. Dans l'heure qui suivit, je reçus un message enfiévré sur MSN de celui qui s'appelait encore Georges à ce moment de cette histoire palpitante.

- "André, me dit-il, André, t'as vu la nouvelle ? Avec ses tresses, sa petite jupe plissée, ses socquettes et ses chaussures vernies ? Hein, t'as vu ça ? Hein ? Dis ? Une fois. Gotferdom !"
- "Oui, que je lui dis, et ses seins, comme dit le poête, "semblables à deux génies bondissant de leurs jarres", sachant que j'aviverais son tourment.
- "Oh la la la la ! Et son zézaiement ! Cette façon qu'elle a de m'appeler Zorges. J'ai le gourdin, André, J'ai le gourdin tu peux pas savoir. Gasp, (et j'imaginais Georges, se tordant les mains, ravagé par le désir) que puis-je faire pour étancher ma soif ? Sauras-tu me le dire toi qui es toujours de bon conseil."
Je suis de bon conseil, il est vrai (et d'ailleurs Polarnoir ne se prive pas de requerir mes services lorsqu'il est en panne d'inspiration). Aussi je dis à Georges :
-"Georges, le meilleur moyen, c'est de faire comprendre que tu désires rencontrer cette jeune personne. Puisqu'elle a pris pour pseudo celui d'un personnage de l'Histoire de France maniant l'épée, pourquoi ne pas tenter de lui dire que tu veux croiser le fer en choisissant un pseudo plus adéquat ?"
- "Ah ! s'écria Georges, je vois : un personnage de l'Histoire de France habile à l'épée..."
- "Exactement."
- "Zorro ! J'ai trouvé : Zorro !"
- "De l'Histoire de France, Georges... Sous Louis XIII..."
- "Oui, c'est ça Zorro, le copain des Mousquetaires ! Merci André. Tu me sauves la vie. Oh, ce goudin, mazette !"

Voilà, c'est ainsi que Georges devint Zorro. Par amour pour la belle Aramis. En revanche, il me semble que cette dernière n'a pas encore remarqué le changement de pseudo, car curieusement elle continue de dire Zorges, avec son charmant zézaiement quand elle s'adresse à lui.
André Toutou
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Message par Isabelle Corlier Sam 4 Avr - 12:38

manquerait plus que Michalon se pointe avec ses photo-montages...
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Message par Martine Mer 8 Avr - 4:22

Génial!

Mauzus qu’on a passé de bons moments pareil!
Ça été vraiment une belle période.
Ah Michalon! Zizes!
Merci les gars. C’est pas mal bon de se rappeler.
Martine
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feuille blanche
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Message par Paul Colize Mer 8 Avr - 21:53

Isabelle Corlier a écrit:manquerait plus que Michalon se pointe avec ses photo-montages...

La scène de ménage que ça m'a valu !

J'ai bien fait de mettre du cyanure dans son café, à Lens.
Paul Colize
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Message par Florent Jeu 9 Avr - 22:51

J'avais pas lu tout ça... excellent ! (Les photo-montages vont bien finir par arriver... ça pue la délation...)
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Message par André Toutou Ven 10 Avr - 20:03

Et celle-là :

Lexique

Le Cafuron = Jean-Louis Nogaro
Charles = Le Charles
Mister T = Pareil
Michalon = Un écrivain à la mode auteur d'un excellent Polar qui se situe sur la Côte d'Opale
Savvy! = Martine
Aramis et Zorro... Oui, oui, on connait.

La vérité sur Le Cafuron, Charles et Mister T

Seigneur ! J'avoue qu'il m'arrive certains soirs, quand les morsures du froid se font plus douloureuses et que me mitaines ne suffisent plus, d'être découragé devant la tâche entreprise. Mais, il me faut continuer. Même si la lueur parcimonieusement dispensée par la chandelle m'abime la vue, même si l'effort de coucher ces notes sur le velin errode ma santé déjà fragile, il me faut continuer. Vaille que vaille. Et faire fi des vagues de doutes qui m'assaillent. Car ainsi les générations futures sauront ce qu'il en a été. Nous avons le devoir de mémoire et il me revient d'honorer ce devoir.

Aujourd'hui je vais tenter de répondre à la question qui taraude tout jouvenceau ou jouvencelle (Marieca, par exemple) hasardant un pied dans les couloirs de ce forum : pourquoi Le Cafuron est-il toujours affublé de lunettes noires ?

A la naissance du Forum, lorsque les lumières d'un jour prometteur vainquirent les tenêbres, l'auguste Polarnoir eût tôt fait de se dôter d'une garde rapprochée. Son choix se porta sur Le Cafuron, avants bras poilus et lippe sévère, et Charles, capable de décapsuler une canette avec les dents.

Il fallait voir comment Polarnoir et son escorte inspiraient la terreur quand ils déboulaient ainsi dans les couloirs de l'immeuble où se situait le siège social de la Polarnoir International Society (PIS). Je me souviens particulièrement de la mine épouvantée du pauvre Michalon, incapable de contrôler ses sphincters, lorsque tous trois s'approchaient de lui en fronçant les sourcils. Ou de Zorro et d'Aramis qui cessaient toute activité et baissaient la tête en rougissant comme deux enfants pris en faute. J'étais, je crois, le seul à oser les regarder droit dans les yeux.

Quand le nombre des membres du Forum s'accrut, Polarnoir se montra plus exigeant encore. Deux gardes du corps ne suffisaient plus. Il lui fallait également un molosse, du style Pit Bull, à la manière des grands pontes de la Mafia russe. Il chargea Charles de recruter celui qui allait devenir Mister T. Charles s'absenta trois jours à la recherche du monstre. Une fois sa mission accomplie, il s'en vint, bombant le torse, frapper au bureau de Polarnoir qui était justement en train de conférer avec Le Cafuron. Je restitue entièrement cette scène qui fut l'un des tournants de la vie du Forum.

- "... et alors la souris répond : "Oui, mais moi j'ai été malade !"
- " Ah ! Ah ! Ah ! Chef, vous êtes trop marrant (d'oignons). J'en pleure."
Toc ! Toc ! Toc ! (Comme c'est bien rendu !)
- "Entre mon bon Charles ! Mais..."
Sur ce la machoire de Polarnoir se décrocha de 20 bons centimètres.
- "Mais qu'est-ce que c'est que ce machin ?"
- "Chef ! Je vous présente ! Miiiiisteeeeerrrrrrrrr T"
- "Mais ?.... C'est un Cocker !!!!"
- "Le chien de ma nièce, chef. Il sait faire le beau. Regard..."
- "Mais ! Mais je t'ai demandé un molosse ! Un molosse ! T'entends Charles ? Tu trouves que ça ressemble à un molosse ? Hein ?"
- "Non, Chef. Normal, c'est un Cocker. Praline, qu'il s'appelle en vrai."
- "Et tu crois que je vais me balader avec ça ? Quand je dois aller sur le continent Nord Américain, voir mes homologues dans le cadre de l'enquête de probité sur un nouveau membre canadien * ? Mais comment je suis secondé ?! De quoi je vais avoir l'air avec ces deux bras cassés et un coker !?"
- "Des bras cassés, Chef ? Où ça ?"
C'est à ce moment où la conversation glissait vers une impasse, que Le Cafuron eût une inspiration géniale, déterminante pour la pérennité du Forum.
- "Chef, laissez moi faire ( à cheval), j'ai une idée (à coudre)."
Le Cafuron sortit de sa poche deux paires de lunettes de soleil. Il en chaussa une et posa l'autre sur le museau de Mister T.
- "Trouvez pas qu'il a une fière allure comme ça (perlipopette) ?"
- "Mouais... C'est déjà mieux... Ca vaut pas un Dogue Argentin ou un Doberman, mais c'est vrai, c'est déjà mieux... T'as pas une autre paire pour moi ?"
- "Tout de suite Chef ! Voilà (et à vapeur).
- "Et moi, Chef ?"
- "Plus tard, Charles. Bon, on va tester l'effet que ça peut produire. Qui m'aime me suive ! "
- "Tout de suite, Chef "
- "Tout de suite (arithmétique) Chef !"

Le Chef, ainsi accompagné de ses deux gorilles et du Cocker aux lunettes de soleil ouvrit la porte de son bureau et se dirigea vers la sortie de l'immeuble. Or, pile à ce moment, selon un hasard que seul un scénariste génial aurait osé imaginer, Michalon rentrait précipitamment d'une mission de repérage et fonçait tête baissée développer les photos. Quand il se vit face au quatuor, il demeura interdit, son visage se décomposa et de violents tremblements l'agitèrent. Ses dents claquèrent, ses genoux s'entrechoquèrent, la sueur lui inonda le front. Puis il fit volte face et disparut en pétaradant.

- "Ben vrai ! dit alors Polarnoir. Mais ça marche ton truc !"
- "Il est bien, hein, mon Mister T, Chef, vous le recrutez, hein, dites, Chef ?"
Ignorant la remarque de Charles, Polarnoir posa la main sur l'épaule du Cafuron.
- "Tu me plais, toi. Tu as des ressources. Des idées. Tu seras le numéro 2."
C'est dans cette appareil que tous les quatre se rendirent au Canada. Le séjour au Nouveau Monde fut un succès. Les gens de l'antenne de Chicago tout comme ceux de Montréal furent impressionnés par Mister-T.

L'enquête de probité fut satisfaisante : la môme Savvy! était une recrue de choix. De beaux jours se profilaient pour le Forum.

Et c'est ainsi que Le Cafuron ne se sépara plus de sa paire de lunettes de soleil. Pour rappeler au Chef son inspiration géniale. "Pourvu que ça dure (rions)."
André Toutou
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Message par Paul Colize Sam 11 Avr - 17:43

Mwarf ! Je m'en souvenais plus !
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